Un Breton né à Paris, ayant son foyer en Suisse mais expatrié temporairement au Maroc, qui se mêle de ce qui vous regarde. Sans logique aucune, en toute subjectivité.
vendredi 18 décembre 2009
Le faux-nez de l'islamophobie
lundi 30 novembre 2009
Votation sur les minarets: le paratonnerre
samedi 14 novembre 2009
L'Europe d'après le mur, l'Europe dans le mur

Entendons-nous bien : je fais partie de ceux dont la mémoire n’est pas altérée par une quelconque indulgence a l’égard des défunts régimes communistes. Je ne pus que me réjouir de la disparition de cette hideuse ceinture de béton qui, il est bon de le rappeler, fut construite parce que des ouvriers, des paysans, des travailleurs de toute sorte se carapataient par dizaines de milliers de ces pays où des partis avaient pris le pouvoir au nom des ouvriers, des paysans et des travailleurs. Ce mur, je l’ai vu de mes yeux à Berlin, en 1984, déchirant des rues, des quartiers, une ville, un pays et, au final, un continent. En ce temps-là, son inhumanité était d’autant plus désespérante qu’elle semblait immuable. Sa disparition, lointaine et définitive réplique des secousses enregistrées à Prague en 1968 et à Gdansk en 1980, fut un vrai moment de bonheur. Je fais partie de eux qui apprécient d’autant « Good bye Lénine » qu’il fut suivi de peu par « La vie des autres », le second remettant à l’heure des pendules quelque peu perturbées par le premier.
mercredi 28 octobre 2009
Le retour de l"identité nationale"

jeudi 15 octobre 2009
Les faits-divers qui la foutent mal

- On vient d'annoncer, ce jour, le 25ème suicide chez France Telecom en dix-huit mois. Passons sur la pathétique "communication" des dirigeants du groupe, passant, en quelques semaines, du déni au cynisme, puis du cynisme à la compassion hypocrite et stérile. On retiendra ici l'ombre sérieuse que l'accumulation de ces drames jette sur le discours de droite selon lequel la mutation de salariés protégés en soutiers vivant dans une "saine incertitude" (comme disait Lindsay Owen-Jones, ancien PDG de l'Oréal) est non seulement possible, mais souhaitable
- "Oyez, oyez, braves gens: en cet an de grâce Deux-mil-neuf, le roi Nicolas 1er a décidé que son fils le prince Jean serait doté de la riche seigneurie des terres de l'EPAD". Les braves gens, à droite tout autant qu'à gauche, sont d'abord pris d'une crise de fou-rire: "elle est bonne, celle-là". Puis leur rire se fige, car il ne s'agit manifestement pas d'une blague. Du coup, les grandes tirades Sarkozyennes sur le "mérite républicain" et l'"effort individuel" perdent un tantinet de leur capacité mobilisatrice
- Mitterrand ministre de Sarkozy, c'était un bon coup, ça, coco. Las: ledit ministre s'est trouvé embarqué dans un sordide "débat" autour des cabrioles tarifées qu'il confessa (il y quatre ans) avoir naguère pratiqué en Thaïlande avec des garçons. Et "on" se demande si lesdits garçons avaient franchement passé l'âge de la Nintendo DS. On connaît la séquence: Marine Le Pen, en mal de reconquête des cathos-ratapoil du FN, lance le bazar, puis Benoît Hamon, porte-parole du PS, estime judicieux d'en remettre une louche. Au final, le sentiment d'un acharnement opportuniste. Mais aussi, à droite, un malaise palpable : il y a belle lurette qu'un dandysme à la Gabriel Matzneff ne passe plus la rampe, alors défendre un Mitterrand sur une histoire pareille - aussi injustes puissent être les accusations dont il est l'objet - le député et le militant UMP se disent qu'ils ont mieux à faire
Le Sarkozysme, par sa frénésie à produire de l"actualité" au quotidien, a réussi à évacuer la question sociale du débat politique - aidé dans cette tâche par un PS auto-destructeur. Il y a substitué un continuum "people et faits-divers" quasi-exclusivement centré sur la personne même du Président. Mais quand, dans le champ médiatique omniprésent, off- et on-line, les "bruits" successifs sont: les drames humains d'un "champion économique" visiblement mortifère; l'affichage désinvolte d'un népotisme outrancier; l'agitation autour de la vie privée d'un ministre qui, quoi qu'il en soit, ne "parle pas" au coeur d'électorat UMP... on se dit sans doute, à droite, que ça commence à faire beaucoup.
Car quand les faits-divers la foutent mal, somme toute on préfère les faits tout court. Eh oui, mais il aurait fallu y penser avant.
A bientôt
jeudi 17 septembre 2009
Brice-la-poilade ou la vraie "rupture"

lundi 7 septembre 2009
Gabon: la France au cul merdeux
Que je sache la France, a priori, avalise l’élection d’Ali Bongo à la présidence du Gabon, ou alors c’est que j’ai loupé quelque chose. Les Gabonais, avec Ali Bongo, ont donc ce qu’ils méritent. S’il y avait le moindre problème côté droits de l’homme, démocratie, gouvernance ou autre, vous pensez bien que la France – son président – le ferait savoir a la terre entière, non? Puisqu’on n’a rien entendu de tel, c’est que l’élection d’Ali Bongo n’a rien de contestable, et que par ailleurs l’homme présente toutes les garanties d’une gestion des plus équitables et intègres de la manne pétrolière du pays.
Evidemment, chacun sait qu’il n’en est rien. Qu’il y a toutes les chances qu’Ali, au delà d’une élection contestable, et à l’instar de son père Omar, se goinfre allégrement des royalties que ne manquera pas de lui verser Total. Qu’il y a toutes les chances que se perpétue la confusion, au Gabon, comme ailleurs, entre les caisses de l’état et la cassette du chef dudit état. Que très probablement il ne fera pas bon, comme sous feu son père, exprimer se désaccords avec le gouvernement de façon trop ostensible.
Mais le Gabonais n’est pas un Iranien: c’est un nègre tout noir qui, comme l’a très bien explique Henri Guaino par la voix de Nicolas Sarkozy, a de la peine à « entrer dans l’histoire » : un dirigeant simili-démocratique devrait lui suffire. L’Iranien, lui, est blanc, en tout cas plus que le Gabonais, il a davantage droit, a priori, aux bienfaits de la démocratie. Par ailleurs le gouvernement Iranien, à date, ne fait rien pour favoriser la bottom-line de Total ni de quelque autre entreprise du CAC 40. Au Gabon, en revanche, Total est comme à la maison, feu Omar Bongo y a veillé. Alors on se dit que le fils, Ali, saura perpétuer la position dominante du « champion » de l‘ex-colonisateur. On se dit qu’il saura ouvrir ses portes à n’importe quelle entreprise, pourvu qu’elle soit française. Et que c’est toujours ça que les Américains n’auront pas.
Le Gabon, et les Gabonais « de base » n’y peuvent rien, pue la Françafrique triomphante: cynisme et condescendance vis-à-vis des populations concernées, complaisance à l’égard d’affairistes peu scrupuleux, souci primordial de garantir une mainmise « française » sur les richesses du pays. « Paris vaut bien une messe», aurait dit le protestant Henri de Navarre avant de se convertir au catholicisme. « Libreville vaut bien une pirouette», entend-on du côté de l’Elysée.
« On ne grimpe pas au mât de cocagne quand on a le cul merdeux, » disait mon père. Il avait raison. Dans le même ordre d’idées, il serait bon que la France se garde de donner des leçons a quelque régime que ce soit dans le monde tant que dureront la Françafrique et, avec elle, son cortège d’injustices, de barbouzeries fumeuses et de profits juteux plus ou moins nets. On m’objectera que les Etats-Unis n’ont pas fait / et ne font pas mieux en Amérique Latine (« This guy is a son-of-a-bitch, disait-on un jour au président Truman a propos d’un dictateur latino-américain - Yes, but he’s our son-of-a-bitch, répondit le président »)… Je répondrai que ce n’est pas une raison.
Mais le paradigme de la Françafrique semble indépassable, tant sont persistants les tropismes postcoloniaux : réagissant à l’attaque, par des opposants gabonais, du consulat de France, Bernard Kouchner a déclaré : « je pense qu’il n’y a pas de vraie tension, ni de rébellion ». Le dernier terme sonne comme un aveu… Si on parle de rébellion, c’est qu’il y a domination… Or le Gabon est indépendant, a priori. Pourquoi parler de « rébellion » vis-a-vis de la France ? Le Gabon, tout compte fait, ne serait-il pas un poil moins indépendant qu’on pourrait le croire ? Ce lapsus rappelle celui de Nicolas Sarkozy lors d’un discours à la communauté française de Cotonou, au Bénin, en 2007 : évoquant la France, celui-ci parlait de « métropole ». On ne se refait pas.
Alors c’est certain, les Iraniens méritent mieux que leur régime actuel. Mais s’il y a un pays qui est franchement mal placé pour le dire, c’est bien la France. Et notamment son président qui, à l’instar de ses prédécesseurs, pratique la rhétorique des droits de l’homme à géométrie variable.
A bientôt
lundi 31 août 2009
Les primaires vues par un primaire
“Crise du leadership au PS” est aux chroniqueurs politiques dans les grands médias ce que "Racontez vos dernières vacances" est aux instituteurs dans les écoles: un sujet-bateau, une position de repli commode lorsque l’imagination fait défaut. De surcroît le "traitement" de ce sujet prend l’allure d’une prophétie auto-réalisatrice: la sollicitation et la diffusion effrénée de "petites phrases" alimente, avec un peu de chance, l'affrontement des egos et donc ladite "crise". On en était là, à la veille de l'université d'été du PS, à La Rochelle. Au l'issue de cet événement, alleluia: les mêmes médias, dans un bel ensemble, laissent entendre que "le PS va mieux". Pourquoi? Car le PS, en tant qu'organisation, a fait une avancée considérable: un consensus s'est enfin dégagé au sein des dirigeants sur une question majeure. Les formes que doit prendre la régulation du capitalisme? L'avenir du droit du travail et des salariés? Le rôle de l'Europe? La politique étrangère?... Vous n'y êtes pas du tout. Non, la question cruciale qui a été tranchée c'est que LE PS EST DESORMAIS FAVORABLE A L'ORGANISATION D'UNE ÉLECTION PRIMAIRE OUVERTE A TOUTE LA GAUCHE. Wow, rien que de l'écrire j'en ai la chair de poule.
Blague à part, de quoi parle-t'on? D'une idée lancée par un des nombreux "think tanks" (traduction française: véhicule blindé rempli d'intellectuels chargés de chier de la pensée) du PS, Terra Nova, relayée par un certain nombre de "ténors" du PS en mal de positionnement politique et par les médias de gauche: il conviendrait que le candidat "principal" de la gauche à la présidentielle soit désigné par un large corps électoral de citoyens "de gauche" ou "progressistes", c'est selon, quoiqu'il en soit anti-Sarkozy, cela va sans dire mais ça irait mieux en le disant. Bon. Tout l'été on aura suivi, dans Libération , Rue89 ou ailleurs le palpitant feuilleton à propos du succès croissant de cette idée au sein des instances dirigeantes du PS. Montée en puissance mercredi dernier lorsque "Libé" publie une pétition signée par 100 personnalités appelant à la mise en place d'un tel exercice, publication soulignée par un édito enthousiaste de Laurent Joffrin. Et apothéose à l'issue de l'université d'été de La Rochelle ce week-end, donc.
Moi je suis un primaire, justement, et j'aimerais qu'on m'explique en quoi cette idée présente un intérêt quelconque. Des élections primaires, le PS en a organisé à l'occasion de la dernière présidentielle. Certes, seuls les-militants-à-jour-de-leur-cotisation pouvaient voter, mais on ne fera croire à personne que l'afflux d'adhésions au parti (20 Euros, une affaire) à l'époque et la perspective de ce vote de désignation étaient des phénomènes totalement indépendants. Mais admettons: ce système "ouvert" permettrait la participation de tous les anti-Sarkozy-non-Villepinistes, pour faire simple. Oui mais alors, il faudrait envisager, en bonne justice, que des hommes et femmes politiques à l'extérieur du PS puissent se présenter, non? On inclurait dès lors un Cohn-Bendit, un Mélenchon, un(e) stalinien(ne) repenti(e) genre Buffet, et, pourquoi pas, un Besancenot ou un Bayrou, tant qu'on y est. Oui mais bon, ni les uns ni les autres n'entendent participer à une telle compétition car, pour des raisons diverses, ils tiennent par-dessus tout à être présents lors du premier tour de la présidentielle (sauf Cohn-Bendit à titre personnel, à ce qu'il paraît). Par ailleurs il ferait beau voir le PS soutenir sans faille un vainqueur des primaires qui d'aventure ne serait pas issu de ses rangs. Déjà, avec Ségolène Royal, pourtant PS-pur-sucre, c'était plutôt limite, le soutien, voire du genre de celui que pratique la corde vis-à-vis du pendu. Bref les primaires c'est un truc pour désigner un candidat du PS qui fasse l'unanimité au delà du PS, sachant que rien ne garantit, c'est le moins qu'on puisse dire, que ledit candidat ne se retrouve pas, de toute façon, face à d'autres anti-Sarko plus ou moins de gauche au premier tour de la présidentielle. Et si par miracle ce n'était pas le cas, que disparaissaient comme par enchantement le désir des lagôchedelagôche de se compter, le désir des écolos de jouer les aiguillons et celui de Bayrou de s'écouter causer dans le poste, alors ce(tte) candidat(e) aurait d'emblée à porter sur ses épaules des aspirations tellement contradictoires que son avenir aurait toutes les chances d'être celui d'un Prodi ou d'un Veltroni cisalpin: la gamelle spectaculaire à plus ou moins brève échéance, pour le plus grand bonheur du Berlusconi français, suivez mon regard.
Alors pourquoi ce "buzz" médiatique autour d'une telle usine à gaz? J'ose émette une hypothèse: les chroniqueurs politiques (notamment dans "Libération") font preuve de la même schizophrénie, face aux querelles de personnes au PS, que les chroniqueurs sportifs (notamment ceux de "L'Equipe") face aux phénomènes de dopage dans le Tour de France: en temps normal on alimente le spectacle - au sens Debordien du terme - ("machin n'est pas d'accord avec truc"/"le mec en bleu est vraiment plus rapide que celui en jaune") mais par moment on prend du recul, on se prend la tête dans les mains et on éditorialise: "Mon Dieu, mais que ne se mettent-ils donc d'accord une bonne fois pour toutes?"/"A quand un cyclisme vraiment propre?". Dans l'un et l'autre cas, l'existence même du spectacle est une nécessité, de même qu'il est nécessaire d'en déplorer, de temps à autre, le caractère totalement artificiel. Les "primaires ouvertes de la gauche", c'est la garantie, des mois durant, d'une baston générale, que viendront attiser la diffusion d'interviews assassines et d'"affaires" people-esques bien croustillantes, sans oublier la couverture d'empoignades passionnantes sur la façon d'organiser lesdites primaires, donc l'assurance de pisser et de vendre de la copie sans trop se fouler. C'est aussi la garantie de produire, à intervalles réguliers, de graves réflexions sur la pauvreté du débat programmatique. Bref, le bonheur.
Tambouille pré-régionales mise à part, on se demande pourquoi Sarkozy est allé chercher les zigouilleurs de tourterelles et le vicomte bloqué pour renforcer les rangs de l'UMP: les flonflons de la gauche médiatique autour des "primaires ouvertes" le prouvent: avec de tels ennemis, il n'a pas besoin d'amis.
See you, guys.
Post-scriptum qui n'a rien à voir, comme dirait Delfeil de Ton: amis marketeux en recherche d'idées neuves, en ce BlogDay je vous invite à aller faire un tour chez François Laurent