Bon, ben ça, c'est fait.
On sentait bien que dans la guéguerre Fillon-Copé, le second avait choisi un positionnement qui pouvait éventuellement lui donner un avantage sur le premier, à savoir sa fameuse "droite décomplexée", entendez: "Houlà, mais on s'en fout des diatribes de la gauche, moi je caresse l'identité nationale dans le sens du poil si ça me plait, tiens, vous la connaissez celle du pain au chocolat?". Certes, le discours un peu va-de-la-gueule du leader en titre de l'UMP n'est pas pour rien dans la récente émancipation (enfin, tout est relatif) d'un "centre" pour qui cette "droitisation" joue le rôle d'un répulsif. En revanche côté militants-de-base/forces-vives-du-parti ça n'est pas forcément un mauvais calcul - Sarkozy, le prestigieux maître Jedi, le Yoda à onze millions d'Euros, ayant largement habitué ses admirateurs à ce genre de posture. Et les militants, donc le parti et la puissance de feu qui va avec, c'est important.
En face, Fillon, avec son côté démo-chrétien-pull-à-col-en-V et son petit air "moi, vous comprenez, j'ai des valeurs" avait fini par sembler un peu mou du genou. Potentiel rassembleur de "centristes" à la dérive, certes, mais pas très crédible dans l'hypothèse d'un exercice de saine émulation avec Marine Le Pen. Donc tintin pour l'unanime ferveur militante, surtout dans le Var ou les Bouches-du-Rhône.
Mais le week-end dernier, François Fillon semble avoir un peu comblé son écart sur ce thème. Interrogé sur les consignes de vote qu'il donnerait en cas de duels Parti Socialiste-Front National au second tour d'élections municipales, il a répondu qu'il appellerait à voter pour "le moins sectaire". Aux yeux de François Fillon, il est potentiellement des situations où un candidat PS peut être considéré comme plus "sectaire" qu'un candidat FN. "Plus sectaire", ça c'est une trouvaille. Ca laisse la porte ouverte aux interprétations de toute sorte: par exemple on pourra considérer comme "sectaire" un candidat PS qui fustige son adversaire UMP faisant des appels du pied aux électeurs du Front National au premier tour. Cracher à la gueule de, mettons, 20% des électeurs, c'est "sectaire" d'un certain point de vue, non? CQFD. Message envoyé à tous ces élus et militants "de base" qui enragent de ne pouvoir ouvertement faire ami-ami, avec le FN: "Moi aussi, je vous ai compris".
Donc ça, c'est fait: François n'a plus à rougir, lui aussi a la niaque, pas plus "complexé" qu'un autre.
Pas de quoi en déféquer un Panzer, me direz-vous, tout ça c'est la routine des "petites phrases", des comme ça on en entend tous les jours, et puis qui peut bien s'intéresser aux hypothétiques consignes de vote d'un François Fillon au deuxième tour des municipales de 2014, hein, franchement? Certes.
Quoique. Il y a tout de même quelque chose dans cette histoire qui mérite qu'on s'y arrête: non l'astuce rhétorique de Fillon, mais le tollé Pavlovien qu'elle a suscité du côté du Parti Socialiste. Dès dimanche soir, Harlem Désir se fendait d'un communiqué déclarant qu'il était "inédit" et "inacceptable" d'encourager un "désistement anti-républicain en faveur de l'extrême-droite par pur cynisme électoral", dénonçant "des propos qui établissent une équivalence entre le PS et le FN" et "ouvre(nt) un peu plus les portes de la République au FN". Fermez le ban.
Soyons clairs: j'ai moi-même, avec ce blog, fait partie de la meute qui a régulièrement souligné les glissements récurrents du discours de la droite parlementaire vers les thématiques du Front National depuis 2007 et déploré la "banalisation" du Lepénisme qui en est la conséquence logique. On a beaucoup ri, mais arrive un moment où il faut un peu réfléchir et se dire qu'il n'y a que les cons (et le pape) qui ne changent pas d'avis: j'ai aujourd'hui l'intime conviction que ce petit jeu ne mène strictement à rien.
Le "ni-ni" officiel de l'UMP ("Ni alliance avec le Front National, ni Front Républicain-avec-un-PS-allié-à-l'extrême-gauche") n'est rien d'autre qu'une pirouette. Outre le fait que le slogan rappelle furieusement le "Ni fascisme, ni anti-fascisme" d'un Charles Maurras dans les années vingt (une coïncidence, n'en doutons pas), on ne peut s'empêcher de penser que la fidélité des leaders et des troupes UMP à ce principe durera le temps qu'elle durera, c'est-à-dire très peu. Les élus ayant déjà ouvertement flirté avec le FN n'ont été ni exclus, ni même morigénés.
Et alors? L'UMP penche du côté du FN? Poussons-la un bon coup, et qu'on en finisse avec ces conneries de "digues républicaines"! Marre de ces gloussements de chaisières offusquées - "Comment, mon cher, vous, un représentant de la République, vous acoquiner avec ces marauds?". D'abord, il faut se demander ce qu'il y a de "républicain" à vouloir à tout prix éviter qu'un électeur sur cinq, grosso-modo, soit représenté dans les instances de la République, justement. Ensuite constater que l'alignement d'une partie de l'UMP sur les thématiques du Front National n'est pas une menace qu'il conviendrait de conjurer, mais une réalité.
Par ailleurs, il convient de penser calmement, et se dire que grand bien leur fasse, à ces braves gens de l'UMP. Car si une alliance - fût-elle "à la base" - avec le FN leur permettra de reconquérir de l'espace politique à court-terme, ils en prennent pour au minimum dix ans d'emmerdements - comme le Parti Socialiste avec le PCF. Car bien sûr, il ne se passera guère de temps avant que leurs nouveaux et désormais indispensables amis ne leur cassent les burettes avec l'immigration, l'insécurité , le manque d'autorité, etc. Car pour le FN, le mieux disposé des élus UMP n'en fera jamais assez de ce point de vue. Sans oublier, bien sûr, les questions économiques et sociales, de l'Europe, du libre-échange, thèmes sur lesquels, contrairement à ceux tournant autour de l'immigration et de l'"identité", on imagine mal des élus de droite - et surtout pas leurs dirigeants - changer de braquet: c'est bien gentil, de flatter le populo, mais faut pas pousser, vous croyez qu'on les a trouvés où, les onze millions d'Euros, à La Courneuve?
Enfin, et c'est sans doute le plus important, il est grand temps que les beaux-parleurs du FN mettent un peu les mains dans le cambouis. Il est grand temps que les "y a qu'à, faut qu'on" se frottent à la réalité de l'exercice du pouvoir. Il est grand temps que leurs électeurs les voient à la manoeuvre ("ceux-là, on ne les a pas encore essayés"). Il est grand temps que le parti de la classe ouvrière - le vrai - s'embourgeoise. Il est grand temps que le FN se banalise pour de bon, c'est le moyen le plus sûr de démonétiser son discours.
Alors ya basta les "Fronts Républicains" hypocrites et obligatoires sous peine d'excommunication. Que les "portes de la République" s'ouvrent autant que le permet et l'exige une démocratie digne de ce nom. Détends toi, Harlem, ceux qui leur auront ouvert lesdites portes vont s'y coincer les doigts, et ça va leur faire mal.
A bientôt
Mais le week-end dernier, François Fillon semble avoir un peu comblé son écart sur ce thème. Interrogé sur les consignes de vote qu'il donnerait en cas de duels Parti Socialiste-Front National au second tour d'élections municipales, il a répondu qu'il appellerait à voter pour "le moins sectaire". Aux yeux de François Fillon, il est potentiellement des situations où un candidat PS peut être considéré comme plus "sectaire" qu'un candidat FN. "Plus sectaire", ça c'est une trouvaille. Ca laisse la porte ouverte aux interprétations de toute sorte: par exemple on pourra considérer comme "sectaire" un candidat PS qui fustige son adversaire UMP faisant des appels du pied aux électeurs du Front National au premier tour. Cracher à la gueule de, mettons, 20% des électeurs, c'est "sectaire" d'un certain point de vue, non? CQFD. Message envoyé à tous ces élus et militants "de base" qui enragent de ne pouvoir ouvertement faire ami-ami, avec le FN: "Moi aussi, je vous ai compris".
Donc ça, c'est fait: François n'a plus à rougir, lui aussi a la niaque, pas plus "complexé" qu'un autre.
Pas de quoi en déféquer un Panzer, me direz-vous, tout ça c'est la routine des "petites phrases", des comme ça on en entend tous les jours, et puis qui peut bien s'intéresser aux hypothétiques consignes de vote d'un François Fillon au deuxième tour des municipales de 2014, hein, franchement? Certes.
Quoique. Il y a tout de même quelque chose dans cette histoire qui mérite qu'on s'y arrête: non l'astuce rhétorique de Fillon, mais le tollé Pavlovien qu'elle a suscité du côté du Parti Socialiste. Dès dimanche soir, Harlem Désir se fendait d'un communiqué déclarant qu'il était "inédit" et "inacceptable" d'encourager un "désistement anti-républicain en faveur de l'extrême-droite par pur cynisme électoral", dénonçant "des propos qui établissent une équivalence entre le PS et le FN" et "ouvre(nt) un peu plus les portes de la République au FN". Fermez le ban.
Soyons clairs: j'ai moi-même, avec ce blog, fait partie de la meute qui a régulièrement souligné les glissements récurrents du discours de la droite parlementaire vers les thématiques du Front National depuis 2007 et déploré la "banalisation" du Lepénisme qui en est la conséquence logique. On a beaucoup ri, mais arrive un moment où il faut un peu réfléchir et se dire qu'il n'y a que les cons (et le pape) qui ne changent pas d'avis: j'ai aujourd'hui l'intime conviction que ce petit jeu ne mène strictement à rien.
Le "ni-ni" officiel de l'UMP ("Ni alliance avec le Front National, ni Front Républicain-avec-un-PS-allié-à-l'extrême-gauche") n'est rien d'autre qu'une pirouette. Outre le fait que le slogan rappelle furieusement le "Ni fascisme, ni anti-fascisme" d'un Charles Maurras dans les années vingt (une coïncidence, n'en doutons pas), on ne peut s'empêcher de penser que la fidélité des leaders et des troupes UMP à ce principe durera le temps qu'elle durera, c'est-à-dire très peu. Les élus ayant déjà ouvertement flirté avec le FN n'ont été ni exclus, ni même morigénés.
Et alors? L'UMP penche du côté du FN? Poussons-la un bon coup, et qu'on en finisse avec ces conneries de "digues républicaines"! Marre de ces gloussements de chaisières offusquées - "Comment, mon cher, vous, un représentant de la République, vous acoquiner avec ces marauds?". D'abord, il faut se demander ce qu'il y a de "républicain" à vouloir à tout prix éviter qu'un électeur sur cinq, grosso-modo, soit représenté dans les instances de la République, justement. Ensuite constater que l'alignement d'une partie de l'UMP sur les thématiques du Front National n'est pas une menace qu'il conviendrait de conjurer, mais une réalité.
Par ailleurs, il convient de penser calmement, et se dire que grand bien leur fasse, à ces braves gens de l'UMP. Car si une alliance - fût-elle "à la base" - avec le FN leur permettra de reconquérir de l'espace politique à court-terme, ils en prennent pour au minimum dix ans d'emmerdements - comme le Parti Socialiste avec le PCF. Car bien sûr, il ne se passera guère de temps avant que leurs nouveaux et désormais indispensables amis ne leur cassent les burettes avec l'immigration, l'insécurité , le manque d'autorité, etc. Car pour le FN, le mieux disposé des élus UMP n'en fera jamais assez de ce point de vue. Sans oublier, bien sûr, les questions économiques et sociales, de l'Europe, du libre-échange, thèmes sur lesquels, contrairement à ceux tournant autour de l'immigration et de l'"identité", on imagine mal des élus de droite - et surtout pas leurs dirigeants - changer de braquet: c'est bien gentil, de flatter le populo, mais faut pas pousser, vous croyez qu'on les a trouvés où, les onze millions d'Euros, à La Courneuve?
Enfin, et c'est sans doute le plus important, il est grand temps que les beaux-parleurs du FN mettent un peu les mains dans le cambouis. Il est grand temps que les "y a qu'à, faut qu'on" se frottent à la réalité de l'exercice du pouvoir. Il est grand temps que leurs électeurs les voient à la manoeuvre ("ceux-là, on ne les a pas encore essayés"). Il est grand temps que le parti de la classe ouvrière - le vrai - s'embourgeoise. Il est grand temps que le FN se banalise pour de bon, c'est le moyen le plus sûr de démonétiser son discours.
Alors ya basta les "Fronts Républicains" hypocrites et obligatoires sous peine d'excommunication. Que les "portes de la République" s'ouvrent autant que le permet et l'exige une démocratie digne de ce nom. Détends toi, Harlem, ceux qui leur auront ouvert lesdites portes vont s'y coincer les doigts, et ça va leur faire mal.
A bientôt
5 commentaires:
Si l'x-droite n'existait pas, il faudrait l'inventer ! Ne serait-ce que pour permettre à Riwal d'imprimer ses petits billets. La Taubira qui demande à Lebranchu de supprimer la condamnation de son fils, laquelle Lebranchu se retrouve aujourd'hui au gouvernement et la Taubira ministre, le Thomas Fabius qui achète avec on ne sait quels millions un appart' (môssieur ne travaille pas), le fils de MST en tôle pour avoir séquestré sous la menace d'une arme puis extorqué des fonds à une dame, le scandale Cahuzac/Mosco, le va-t-en guerre "socialiste" Hollande (sic), tout ceci ne mérite pas que l'on s'y arrête bien sûr. Il vaut mieux se concentrer sur les penchants "extrêmistes" des p'tits blancs qui subissent le "grand remplacement" et sur les pseudo-dérives populistes des bourgeois de droite (pseudo car ils font partie du même système, l'immigration n'ayant jamais été aussi forte que sous Sarko). Ne vous inquiétez pas trop cher Riwal, la réalité finira bien par vous crever les yeux. D'ailleurs, nos "Chances pour la Fwance" vous rattrapent déjà... : http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Ils-viennent-chaque-weekend-en-TGV-pour-voler-a-Geneve/story/25558557
Comme quoi j'ai des lecteurs de tous les horizons.
Certains sont tellement obsedes par leur "identite" qu'ils en oublient de mentionner leur nom.
Salut Riwal,
Nos politiques font tellement de conneries que ça donne du grain à moudre à tous les chroniqueurs professionnels et amateurs. Aucun parti ne sort du lot aujourd'hui. Contrairement à toi je n'ai pas du tout envie que le FN vienne aux affaires pour voir comment ils se débrouillent. Que ce soit au niveau local ou national. Mais j'aimerais bien voir un renouvellement des têtes. Pourquoi pas une Christine Lagarde sur un parti centre-droit. Une Corinne Lepage fédérant un peu plus les courants écologies de droite. Une nouvelle tête au centre pour remplacer Borlo et Bayrou. A gauche moi je vote Valls, bon pas le mec le plus à gauche et vachement ressemblant à un autre "petit" qui est passé au ministère de l'intérieur avant lui. D'ailleurs je pense qu'il y pense en se rasant. Mais pour le FN, si je pense que Marion Le Pen (son vrai prénom à cette pétasse qui ose utiliser le prénom de ma fille !) sera au deuxième tour en 2017 (vu comment Copé Fillon sont en train de s'auto détruire), elle ne sera jamais élue. Ni en 2017, ni en 2022, ni jamais (ne jamais dire jamais ?).
Et si tu changeais un peu de domaine et que tu nous donnais ton avis sur l'école 42 (www.42.fr) la nouvelle école numérique de Xavier Niel. Ou si tu veux rester dans le politique la fameuse islamisation de la France que certains redoutent, que d'autres nient alors qu'on n'a aucun moyen de vérifier. Au delà de certaines opinions très à droite comme Minute et Valeurs actuelles, d'autres journalistes commencent doucement à évoquer une lente mais sure explosion démographique des musulmans. Qu'en penses tu ?
A bientôt
Gilles (depuis la France, alternant entre Clamart et Châlons en Champagne)
Oh Riwal ? Kousket out ? L'Ankou t'appelle ! Les esprits des anciens souhaitent te rappeler à leurs bons souvenirs... Fous ton bonnet rouge ! Ecris qqch sur la révolte qui pointe. Laisse tomber le FN et concentre toi sur ce qui vit ! Vois les masses africaines qui gagnent le pays et surtout, surtout, réjouis-toi avec nous de ce que le peuple breton tape du poing sur la table ! An dispac'h, breman diouzhtu-kaer !
Salut Anonyme... Lis mon prochain billet, tu vérifieras, avec bonheur je l'espère, que je ne suis pas couché et que j'emmerde l'Ankou
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