Pathétique? Minable? Indéfendable? Suicidaire? Lâche? Méprisable? On cherche l'adjectif idéal pour qualifier la toute récente reculade du gouvernement français, encore une, renonçant à sa "grande loi sur la famille". Pas toujours facile de trouver les bons mots.
Une reculade façon Juin 40, tout ça parce que des dizaines de milliers de réacs ont cru bon de ressortir du placard les petites banderoles roses et bleues de leur "Manif' pour tous", agitant leur fantasme d'un gouvernement "familiphobe". Le tout, une semaine après qu'un conglomérat d'antisémites, de crypto-fascistes mêlés de "bonnets rouges" recyclés ou de quidams tout simplement malheureux de leur sort a cru bon, via Facebook, de défiler pour un improbable "jour de colère": deux événements marqués, bien qu'à des degrés différents, du sceau d'un grand n'importe quoi, deux événements qu'on peut raisonnablement qualifier de "fêtes du slip" tant leur vacuité et leur inanité dépassent l'entendement.
La "Manif' pour tous", donc, tombeuse d'un projet de loi tout ce qu'il y a de plus consensuel, à tout le moins peu susceptible de déclencher une guerre civile. Il y a que, programme du président Hollande oblige, il convient à tout prix de bâtir une "France apaisée".
On tente d'apaiser, donc, madame Ludovine de La Rochère, présidente de ladite manif'. En pure perte, car Ludovine est comme la Thérèse de la célèbre chanson: elle rit, quand on l'apaise. Remontée comme une pendule, la voilà qui, maintenant, exige que le Ministère de l'Education Nationale interrompe son expérimentation de l'"ABCD de l'égalité" dans les classes primaires. Tu parles d'un apaisement. Oignez vilain, il vous poindra... Mais bon, l'essentiel, visiblement, c'est que s'éloigne l'hydre d'un remake des manifs monstres de 1984 pour la "liberté de l'école". Il est vrai qu'une certaine France à loden vert et pompes à glands, proprement exaspérée par la loi Taubira sur le mariage et l'adoption par les homosexuels (si ce n'est par le simple fait que la gauche a gagné les élections), a pris goût aux manifestations. Quitte à s'inventer des raisons de manifester, l'important c'est de se serrer les coudes face à une société désespérément différente de celle du XVIIIème siècle, de promener les gosses dans un entre-soi de bon aloi, tout en goûtant aux frissons que procurent la foule, la banderole et le mégaphone.
Cela étant 1984 c'est loin, la croissance exponentielle de ce genre de manifs n'est qu'une hypothèse de travail. Alors comment, au gouvernement, justifier cette soudaine trouille, comment donner de la substance à cette stratégie "d'apaisement"? Pas toujours facile de trouver les bons mots. Mais à n'en pas douter, on s'est creusé la tête, en haut lieu. Et on a trouvé: le gouvernement fait le choix "raisonnable" de repousser son projet sine die ou presque, car il est à ce jour confronté à des mouvements d'opinion de nature hystérique. "Hystérique", le mot a été balancé par la porte-parole du gouvernement Najat Valaud-Belkacem puis repris en boucle par les uns et les autres, y compris par le Premier Ministre en personne. Un "élément de langage", comme on disait du temps de Sarkozy.
Pour le coup, nous voilà confrontés à un sacré paradoxe: le mot, malgré sa violence rhétorique ("nos opposants sont cinglés"), pourrait, en fait, participer (inconsciemment?) de ladite stratégie d' "apaisement". L'hystérie, comme son nom l'indique, désignait chez les Anciens une affection mentale dont on pensait qu'elle était due à un dérèglement de l'utérus. Le mot évoque aussi l'archaïque formule "tota mulier in utero" dont usèrent et abusèrent les médecins façon comédies de Molière. "Tota mulier in utero, en Latin ça signifie "les bonnes femmes, ça n'a rien dans le crâne"", suggérait Claire Brétécher.
"Hystérie", le mot est donc "chargé", comme on dit. Et chargé des pires préjugés sexistes, ce qui ne devrait pas manquer d'"interpeller" Ludovine et ses amis. Car tant qu'à se faire insulter, autant que ce soit sur un registre de langage dont on est familier. Qualifier d'"hystérique" Ludovine de La Rochère (dont les riches ovaires rôdent sur la dune?), c'est, mine de rien, faire allégeance à son univers mental. Un univers où il est "naturel" et donc souhaitable que les petites filles jouent à la poupée, les petits garçons à la guerre, tout comme il est "naturel" qu'une fois devenus grands ils s'abstiennent de faire des cabrioles avant le mariage. Un univers où il est bien normal que les femmes "hystériques" aient naguère été envoyées au bûcher par notre Sainte Mère l'Eglise, ou plus tard trépanées, comme Frances Farmer, par quelque médecin inévitablement de sexe masculin.
On aurait voulu se dédouaner, par le langage, des accusations "d'imposer la théorie du genre", qu'on ne s'y serait pas pris autrement. Pas toujours facile de trouver les bons mots mais, des fois, on y arrive, même sans le faire exprès.
Mais si on n'est pas membre du gouvernement et donc dispensé du "devoir d'apaiser" des gens qui de toute façon vous verraient volontiers pendus haut et court, on peut choisir des épithètes dénués de toute connotation sexiste pour qualifier le mouvement d'opinion "en faveur de la famille": manipulation ou bêtise, l'un n'excluant pas l'autre. Et clamer haut et fort que non, devenir ingénieur n'a rien à voir avec le fait de disposer de testicules, et que oui, ça s'appelle "réfléchir à la notion de genre", et qu'on vous emmerde, bande d'arriérés.
Car il ne faut rien leur lâcher, à ces crétins. Pas même les insultes qu'on leur adresse.
See you, guys.
4 commentaires:
Bien pour ma part, suis né en suisse et y vis.
Et pour ma part également je me permet de te dire que "je t'emmerde". Ta prose fleurie d'expression sentant bon la filière des lettres n'est rien d'autre que le prolongement des idées dominantes voulant que toute idée nouvelle rime avec progrès.
As tu bien saisi de quoi il s'agit, penses-tu vraiment que le but est que les petites filles fassent ingénieur ? Si oui il est probable que tu sois bien lobotomisé ou simplement complétement crétin.
Je vais donc t'expliquer en quelques mots de quoi il retourne. Le but est que dans chaque homme se réveille la femme qui l'habite. Cette femme qui consomme, cette femme qui fait marcher l'économie futile et qui est le coeur de cible des publicitaires et autres magnas de l'audiovisuel.
Maman porte déjà des pantalons, les cheveux courts et fume comme un camionneur. Il ne reste plus qu'à faire porter une jupe à papa, le faire acheter des tonnes de produits de beauté cancérigènes et le tour sera joué.
Certaines valeurs tiennent du bon sens et non pas de l’hystérie.
Qu'une personne lettrée comme toi puisse débiter des imbécilités pareils me fait peur pour le futur. M'enfin qu'espérer d'un mec apatride sans doute payé par une grosse boîte bien merdique. T'es un idiot utile du synthème heureux de pouvoir exprimer "son" opinion tel un expert.
See you guy and fuck you too.
Bien pour ma part, suis né en suisse et y vis.
Et pour ma part également je me permet de te dire que "je t'emmerde". Ta prose fleurie d'expression sentant bon la filière des lettres n'est rien d'autre que le prolongement des idées dominantes voulant que toute idée nouvelle rime avec progrès.
As tu bien saisi de quoi il s'agit, penses-tu vraiment que le but est que les petites filles fassent ingénieur ? Si oui il est probable que tu sois bien lobotomisé ou simplement complétement crétin.
Je vais donc t'expliquer en quelques mots de quoi il retourne. Le but est que dans chaque homme se réveille la femme qui l'habite. Cette femme qui consomme, cette femme qui fait marcher l'économie futile et qui est le coeur de cible des publicitaires et autres magnas de l'audiovisuel.
Maman porte déjà des pantalons, les cheveux courts et fume comme un camionneur. Il ne reste plus qu'à faire porter une jupe à papa, le faire acheter des tonnes de produits de beauté cancérigènes et le tour sera joué.
Certaines valeurs tiennent du bon sens et non pas de l’hystérie.
Qu'une personne lettrée comme toi puisse débiter des imbécilités pareils me fait peur pour le futur. M'enfin qu'espérer d'un mec apatride sans doute payé par une grosse boîte bien merdique. T'es un idiot utile du synthème heureux de pouvoir exprimer "son" opinion tel un expert.
See you guy and fuck you too.
Alors celle-là, je t'avouerai, on ne me l'avait pas encore faite... A qui peut-on bien faire croire que l'affirmation - et la surveillance implacable - d'une stricte et immuable répartition des rôles entre hommes et femmes irait à l'encontre de la société de consommation? Sur quelle idée-force crois-tu qu'une entreprise comme MATTEL, avec ses "Barbie" et ses "GI Joe" a bâti sa fortune?
Va falloir trouver autre chose...
Bien ton exemple peut servir à prouver ce que j'avance dans le mesure ou ce modèle économique (fille poupée - garçon soldats de plomb)est mort. Il faut donc trouver de nouveaux ressorts et de nouveau marché pour remplir les poches du grand capital.
Rappelle toi que émancipation des femmes fut accordée par le(s) pouvoir afin de remonter les économies pillées par la crise de 29 et les deux guerres mondiales.
Je ne t'apprendrai rien en te disant que c'est Nestlé, Tetra plouc et consort qui dirigent le monde. Partant de ce postula et en admettant que la perte des identités de genre ne soit pas un progrès on peut donc se demander à qui profite le "crime".
Je ne suis pas catho, ptêt un tantinet réac, mais je pense néanmoins que notre société, notre monde à besoin de valeurs, d'un carcan dans lequel il peut se développer et évoluer. Nous avons besoin d'un vocabulaire pour articuler notre pensée. Sans épiloguer sur les fonctions naturelles et séculaires des deux sexes j'image que ceux-ci ont une importance ou tout du moins un rôle à jouer. L'abandon de ces distinctions au même titre que l'utilisation du mot mariage pour des unions de même sexe me paraît être néfaste à notre compréhension et appréhension du monde.
Alors oui je maintient que l'abandon du genre n'est qu'un prémisse à un nouveau marché lié à la maternité et à la consommation d'êtres asexués, métissés, individualistes et surtout complétement paumés...
Merci pour ta réponse et pour le travail effectué sur ce blog. Mon avis diverge du tiens sur de nombreux points mais je salue ton travail d'analyse.
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