- - Les Altruistes mal-compris, socialistes vivant assez mal l'horizon bouché de leur carrière (Kouchner et, dans une certaine mesure, Lang) et affichant un noble souci de l'"intérêt général" tout en soulignant la "fidélité à leurs convictions"
- Les Franchement retournés, comme Besson ou Jouyet
- Les Suppléments d'âme, comme Martin Hirsch et Fadela Amara, plutôt classés à Gauche mais membres éminemment emblématiques d'une "société civile" dont l'action traiterait d'enjeux dépassant les clivages, en dernière analyse (Sarkozyenne).
De ci, de là, il y eut bien quelques fausses notes directement liées aux audaces du recrutement Sarkozyen: Martin Hirsch s'émouvant publiquement des dé-remboursements de médicaments, Rama Yade allant soutenir des squatteurs expulsés... Mais on n'en a pas chié un panzer, un petit froncement de sourcils de Fillon, une petite mise au point de Guaino (à moins que ce ne soit l'inverse) et tout fut bien vite oublié sous l'avalanche des initiatives présidentielles à destination des médias.
- Ces vingt dernières années, la Gauche de gouvernement a soigneusement évité d'en aborder de front l'effet sur la vie quotidienne de son électorat populaire, au nom d'un humanisme de bon aloi, tandis que la Droite a considéré et traité l'immigration comme un "problème"- aiguillonnée en cela par le Front National - mais sans franchement dire en quoi ce "problème" pouvait bien consister
- Les uns et les autres (surtout la Droite, mais pas seulement) ont accumulé lois et décrets en tout genre sur les conditions d'entrée et de séjour sur le territoire, faisant de ce domaine un fatras juridique à peu près aussi lisible que le droit fiscal, créant des situations ubuesques d'immigrants illégaux dont on n'est pas bien sûr, au fond, qu'ils soient légalement expulsables
- En toile de fond s'est dessinée l'alternative stupide entre expulsion massive et régularisation massive des "sans papiers", l'une et l'autre également impraticables
Là-dessus est arrivé Sarkozy, avec son concept d'"immigration choisie", son programme d'expulsions "au cas par cas" mais dont le nombre est calculé d'avance et, cabriole sémantique spectaculaire, son "Ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale". Pas besoin d'un Doctorat en Sciences Politiques pour relever que cette dernière initiative a joué un rôle majeur dans le siphonnage des voix Frontistes. Or, et nous l'avons noté ici-même (Diabolisé, et content de l'être, 28 Avril), ce clin d'oeil appuyé aux obsessions "identitaires" n'est pas qu'un exercice de style. Le "je vous ai compris" de Sarko aux électeurs Frontistes se traduit, aujourd'hui, par un durcissement des conditions d'immigration et une relance des expulsions de "sans papiers".
Politiquement (2012), l'enjeu du maintien de l'électorat Frontiste dans l'escarcelle Sarkozyste est majeur. Des gamins terrorisés par les flics frappant à leur porte peuvent bien se jeter par la fenêtre, on peut bien arrêter un grand-père chinois à la sortie d'une école, tabasser les expulsés dans les avions... Rien à péter: l'essentiel, c'est de donner des gages visibles à cet électorat très volatil. Et tant pis si une vraie régulation passerait par la répression impitoyable des employeurs des clandestins, on ne va tout de pas se mettre à dos l'industrie du bâtiment et les viticulteurs du midi.
Dans ce contexte, à quoi sert vraiment, en seconde lecture, la politique d'"ouverture", et notamment la place faite à une Fadela Amara? A masquer, derrière une "diversité" visible, une politique brouillonne et démagogique sur une question que, par ailleurs, le bon sens suggérerait de traiter quasi-exclusivement à l'échelle européenne.
Alors oui, Fadela, c'est "dégueulasse" d'instrumentaliser l'immigration à des fins politiques. Mais servir de paravent à une telle instrumentalisation, vous appelez çà comment? "Ignoble", "à gerber", ou tout simplement "couillon"?
Il serait temps de montrer que vous n'êtes ni dupe de la manipulation Sarkozyenne, ni soumise au plaisir, bien compréhensible, que procurent la célébrité et le pouvoir. Dès lors arrêtez les frais ce lundi matin et, c'est une suggestion, videz la cafetière sur la tronche de Thierry Mariani.
Allez, salut.
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