jeudi 31 mai 2007

Pour en finir avec l'héritage de Mai

Enfin!

Demain nous serons en Juin, enfin s'achèvera un mois funeste aux vibrations nauséeuses, vibrations dont notre nouveau Président veut, à juste titre, débarrasser le pays: je suis d'accord avec lui sur ce point, il faut liquider l'héritage de Mai. A ceci près qu'il pense à Mai 1968, tandis que pour ce qui me concerne, j'ai plutôt à l'esprit Mai 2007.
Mai 2007, c'est le triomphe d'une conception plébiscitaire, archi-personnalisée de la démocratie: la "Sarkozysation" (beuh, ça sonne pas bien) des enjeux de la présidentielle - au delà de la nature de ce scrutin - résulte bien sûr de l'énergie indéniable du vainqueur du 6 Mai et de sa capacité à accaparer l'espace du débat, mais aussi de l'incapacité, tout bien pesé, de ses adversaires - de tous ses adversaires - à communiquer un projet cohérent et articulé autre que "ah non, pas lui". Et ce, quelle que soit par ailleurs la singularité ou la profondeur des visions alternatives de la société que représentent Ségolène Royal ou François Bayrou.
Mai 2007, c'est la célébration béate du succès pour le succès: "Sarko, tout de même, hein, il avait bien raison d'avoir confiance en lui puisqu'il a réussi" ou "C'est bien qu'il ait gagné, puisqu'il avait la gagne". Nicolas Sarkozy, le Mohammed Ali de la politique francaise: face à tous les micros et caméras du monde, répéter de façon incantatoire "I am the greatest" avant d'aller, de fait, exploser la tronche de George Foreman. En résulte la tétanisation de tout adversaire potentiel, en résulte l'immense frustration de quiconque espérant qu'un jour l'arrogance fut réduite au silence par les faits. L'analogie s'arrête là: une fois son combat gagné, Mohammed Ali pouvait légitimement considérer qu'il avait fini son boulot, ce qui n'est évidemment pas le cas du vainqueur d'une présidentielle. Qu'à cela ne tienne: tout se passe, dans le bruit médiatique ambiant, comme si l'essentiel était d'ores et déjà accompli.
Mai 2007, c'est la mise en oeuvre d'une volonté d'occupation systématique de l'espace politique. Le PS pourrait éventuellement se "refaire" un peu aux législatives? Paf, je te débauche un Kouchner...
Un Centre-Droit indépendant de l'UMP pourrait émerger avec Bayrou? Pif, je te fais une manoeuvre en trois temps:
  1. Je m'assure du rallliement de la quasi-totalité des députés UDF, à coups d'arguments à la Vito Corleone ("I've made him an offer he couldn't refuse")
  2. Je suscite la création d'un parti-croupion avec les ralliés
  3. Comme on n'est sûr de rien, j'encourage en parallèle le Parti Radical Valoisien à faire des appels du pied à ses frères ennemis du Parti Radical de Gauche, pour susciter d'autres ralliements.

Pourquoi ne suffit-il visiblement pas à Nicolas Sarkozy d'avoir rassemblé sur son nom et son programme néo-conservateur 53% des suffrages? La première hypothèse qui vient à l'esprit est qu'il entendrait ratisser au delà, pour assécher toute alternative crédible à sa petite personne, d'où qu'elle vienne. La seconde est qu'il aurait compris que, sur le fond, si on les regarde de près, ses idées ne "pèsent" pas 53% en France, et que son score serait largement du à sa performance personnelle: dès lors, à défaut de susciter un réel rassemblement, on se donne les moyens d'en évoquer l'apparence. Quoiqu'il en soit, on parle d'"ouverture", moi j'appelle çà au mieux de poudre-aux-yeux, au pire de l'hégémonie.

Mai 2007, c'est le spectacle pitoyable d'un PS qui part à la bataille des législatives sans véritable programme, sans leader (une direction collégiale, comme chez EADS) et sans alliés, un peu comme ces personnages d'opérette qui font du sur-place en chantant "marchons, marchons". Le seul parti d'opposition digne de ce nom apparaît carbonisé dans son expression médiatique. De toute façon, par les temps qui courent, la seule question que les journalistes jugent digne d'être posée aux dirigeants du PS qu'ils interviewent c'est "Que pensez-vous du ralliement de Bernard Kouchner?" Quand bien même ces dirigeants auraient une idée politique à exprimer, les médias laisseraient entendre que tout le monde s'en fout:
"Moi, je pense qu'il faut un service public de l'énergie
- Bon, d'accord, mais que pensez-vous du ralliement de Bernard Kouchner?"
Mai 2007, last but not least, c'est l'annonce à grands coups de clairon de la mise en oeuvre fissa-fissa des promesses électorales du candidat. Cette démultiplication des chantiers - législatifs ou autres - entend a priori assurer le service après-vente du leitmotiv "je ferai ce que je dis" martelé durant la campagne. Plus prosaïquement, tout porte à croire qu'il s'agit surtout d'éviter, en misant sur l'anesthésie actuelle de l'opinion et la torpeur à venir de l'été, une quelconque résistance du corps social à quelques mesures croquignolettes et/ou historiquement explosives comme l'introduction d'une franchise dans la couverture Santé ou l'"autonomisation" des universités. La patate chaude du "Contrat de travail unique" se retrouve quant à elle entre les mains des partenaires sociaux, avec un pistolet sur la tempe: faute d'accord dans les mois qui viennent, une loi sera votée. En gros, le message aux syndicats de salariés c'est: "Mettez-vous d'accord avec le MEDEF, sinon on vous impose cet accord, de toute façon on vous l'imposera mais discutez bien quand même, hein".
Même au "Figaro", on doit déjà confusément sentir qu'à terme, pour un certain nombre - et même un nombre certain - de promesses Sarkozyennes, le choc avec la réalité risque d'être rude et sans doute fatal. Mais il y a au moins une chose qui semble acquise: le fameux bouclier fiscal à 50%, qui sera voté avant l'été. C'est important, moi je dis: on a eu assez de mal comme ça à récupérer Johnny, c'est pas pour le voir repartir l'hiver prochain.
Il était grand temps que ce mois de Mai 2007 se termine, et que commencent à se dissiper ses effluves de confusion mentale et d'inversion des valeurs. J'ai peu d'espoir que Juin apporte énormément de bonnes nouvelles (par exemple: "Johnny, furieux, repart en Suisse car on n'a pas voulu lui donner d'épée, de heaume et d'armure pour aller avec son bouclier"), tout au moins s'éloignera inéluctablement le souvenir de la tonitruante euphorie des ambitieux, tandis que résonneront à nos oreilles les premiers couacs de cette longue sérénade.
Un jour, peut-être, parlera t-on avec commisération ou amusement des "deux-mille-septards".
Ciao belli

mercredi 23 mai 2007

Bernard, l'ermite

A défaut de démontrer pour l'instant un quelconque savoir-faire, Sarkozy fait preuve d'une énergie incroyable dans le faire-savoir.
Vous me direz: rien de nouveau sous le soleil, à ceci près que ce qui pouvait relever de l'habileté politique au cours des cinq années qui viennent de s'écouler (durée effective de la campagne présidentielle de Nicolas) - nonobstant le côté agacant d'un ministre qui passe l'essentiel de son temps à se mettre en valeur - revêt, une fois le bonhomme oint du suffrage universel et mis à la tête d'un pays comme la France, un caractère plutôt inédit. On ne va pas détailler le tombereau d'"événements" post-6 Mai 2007 qui viennent de déferler dans les médias, du "doublement du budget des soins palliatifs" au "Grenelle de l'environnement", en passant par les joggings en-veux-tu-en-voilà. Arrêtons-nous sur l'annonce à ce jour la plus concrète et la plus "structurante" pour l'avenir du pays (enfin: son avenir jusqu'au deuxième tour des législatives, après on verra): la composition du gouvernement.
"Sarkozy choisit l'ouverture et la parité", titrait "Le Monde" daté de samedi dernier. La parité: on ne m'ôtera pas de l'idée que si Michèle Alliot-Marie avait été un homme, son destin eût été celui des chiraquiens pur sucre - les oubliettes - tant son zèle Sarkozyste a mis du temps à s'affirmer. Mais bon, c'est une femme, vlan que je te bombarde Ministre de l'Intérieur, l'ancien "camp de base" du patron, du coup elle sera sous contrôle. Dans la série "je remplis mon quota", on note également la présence de Christine Boutin, représentante du courant "Droite-compatissante-mais-on-déconne-pas-avec-les-valeurs-chrétiennes" au sein de l'UMP, au Ministère du Logement et de la Ville. En toute logique elle devrait être en charge de nous concocter la "France de propriétaires" chère au nouveau Président: les locataires n'ont qu'à bien se tenir. La bruyante Roselyne Bachelot inaugure quant à elle un tout nouveau ministère hybride: la Santé, la Jeunesse et les Sports. Tant qu'on y était, on aurait pu ajouter l'Education Nationale ou l'Agriculture, hein, pourquoi mégoter? Pour le reste, notons que ce nouvel équilibre permet la mise en avant de personnalités comme Rachida Dati ou Valérie Pecresse (ca nous change) et surtout, oui surtout, nous a sans doute évité la nomination des pathétiques Devedjian et Douste-Blazy. Rien que pour ca, ca valait la peine.
Attardons-nous plus longuement sur l'"ouverture", car là réside la véritable nouveauté dans la composition du gouvernement. Pensez-donc: le "retournement" d'un membre éminent du PS, Bernard Kouchner, dit "Koukouche", dit "Un Tiers-mondiste, deux-tiers mondain". Et pour le Quai d'Orsay, rien que ca!
Là, il faut le reconnaître, c'est bien joué. Car Kouchner, contrairement à Eric Besson (on s'occupera peut-être de son cas un autre jour, à celui-là), n'avait pas véritablement fait acte de trahison durant la campagne. Or la perfidie, bien géré, ca peut jouer, pour faire carrière avec Sarkozy (voyez Hervé Morin, ex-Bayrouiste fervent). Oh, bien sûr, Bernard avait approuvé publiquement la proposition de Michel Rocard, à dix jours du premier tour, selon laquelle Ségolène Royal devait "s'allier" à Bayrou (voir ici même http://helvetia-atao.blogspot.com/2007/04/michel-rocard-lchec-sinon-rien.html): le moins qu'on puisse dire est que cela n'avait pas franchement aidé la campagne de la candidate de son parti. Mais pas de quoi fouetter un chat, finalement, c'était juste un croche-pattes à la petite semaine. Notons au passage que Bernard Kouchner ne s'est jamais fait élire que sur les listes d'invités des plateaux de télévision: il ne trahit donc par ailleurs aucun suffrage. Du coup, son ralliement à Sarkozy et, parallèlement, la main que ce dernier lui tend, vous prennent des allures d'union-nationale-face-aux-périls, tout en permettant au Président de tenir une promesse de campagne (plus fastoche que "le plein-emploi dans cinq ans", au demeurant). Et au passage, de mettre un coup derrière les oreilles du Parti Socialiste. Quel talent!
Mais là n'est pas l'essentiel: lorsqu'un Kouchner rejoint Sarkozy pour s'occuper des Affaires Etrangères, qu'est-ce qui a priori vient à l'esprit du commun des mortels? Que le héraut de l'ingérence humanitaire, le tireur-de-sonnettes-d'alarme, le pourfendeur des potentats corrompus et meurtriers va prendre en main la diplomatie de la France. Comme, parallèlement, Sarkozy déclare régulièrement qu'il veut rompre avec l'amitié France-Afrique facon Chirac ou Mitterrand et qu'il est "particulièrement préoccupé" par la situation du Darfour, on laisse entendre que ce ralliement est essentiellement un accord sur l'urgence d'une nouvelle politique Nord-Sud.
Là réside l'imposture: au Darfour, par exemple, la France ne peut rien, car derrière le gouvernement Soudanais il y a la Chine, le tout sous la surveillance des Etats-Unis. Par ailleurs il ferait beau voir une quelconque remise en cause de l'"amitié" de la France envers Omar Bongo, Idriss Déby, etc.. et envers leur pétrole, leur cuivre, leur manganèse, leur uranium, leur bauxite. Alors soyons sérieux: cette humanitarian touch n'est que de la poudre-aux-yeux. La convergence la plus tangible - et la plus lourde de conséquences - entre Sarkozy et Kouchner porte un nom: l'atlantisme.
Kouchner, en 2003, a bruyamment soutenu l'invasion de l'Irak, tandis que Sarkozy ne cache pas son admiration pour l'Amérique - et certainement pas à cause de Bob Dylan ou Jack London. Alors on jugera sur pièces, mais je sens se dessiner, à terme, une vraie "rupture" en matière de politique étrangère, qui verra la diplomatie francaise, au nom du "pragmatisme", s'aligner de plus en plus souvent sur celle de Washington. Or cette dernière se caractérise, et pas seulement depuis Bush, par une inconséquence et un cynisme doublés d'un crétinisme meurtrier. Cette perspective est un poil plus préoccupante que la déstabilisation du PS à l'approche des législatives, enfin moi je trouve.
Reste, pour expliquer la décision de Bernard Kouchner, le facteur bêtement humain. Le monsieur a 67 ans, et a dû se dire que s'il voulait goûter encore un peu du pouvoir (pardon: "se rendre utile à la France"), c'était maintenant ou jamais: 2012, c'est loin, et encore faudrait-il qu'une alternance se produise, or c'est tout sauf certain.
Puisqu' "on peut toujours saluer les petits rois de pacotille/on peut toujours espérer entrer un jour dans la famille", comme le chantait Noir Désir, mettez-vous à sa place, un peu: vous croyez qu'à 72 ou 77 ans on lui proposerait de nouveau un job pareil? Alors tant pis si ca chagrine les anciens copains, tant pis si on doit sourire à Brice Hortefeux, faire la bise à Roselyne Bachelot, rire des blagues d'Alain Juppé (un sacré boute-en-train, celui-là) et obéir à Francois Fillon, hop on y va, advienne que pourra.
La strophe de Bertrand Cantat continuait ainsi: "sûr que tu peux devenir un krach boursier à toi tout seul/on pourrait même envisager que tout nous explose/à la gueule".
Mais dans ce gouvernement on doit plutôt écouter du Barbelivien, alors détends-toi, Bernard, et profite!
Salut, à la prochaine.

jeudi 10 mai 2007

Sarkozy, Bayrou, Royal: les jours d'après

Beaucoup de bruit médiatique, ces jours-ci - et puis aussi un peu de bruit sur ce blog - autour du Fouquet's, de la croisière en Méditerranée, du yacht de Bolloré, Malte, tout ça. C'est certainement en de telles circonstances qu'on prend la mesure du génie médiatique de Sarkozy: faire parler de lui, même quand il n'est là pour personne.
Un de mes lecteurs, bien qu'ayant voté pour le vainqueur de l'élection, trouve cette escapade "inacceptable" (voir commentaires sur l'article précédent). Au nom de quoi, bordel? Nicolas Sarkozy, ami de François Pinault, Martin Bouygues, Arnaud Lagardère, et, c'est confirmé, de Vincent Bolloré, a passé ces derniers mois à serrer la louche à des tas de pue-la-sueur, à se taper des visites d'usine, des discussions avec des épiciers, des boulangers, des smicards. A chaque fois, faire semblant de s'intéresser à leurs minables histoires de gagne-petit, tandis que toute son existence, tout son être ne vibre que pour les "people", ce qui brille, les honneurs dûs aux V.I.P. Alors merde, une fois le boulot terminé - se faire élire par cette masse - il a bien le droit de redevenir un peu lui-même, non?
Je pose la question à ceux que ces choix offusquent: vous vous attendiez à quoi, exactement? A ce qu'il aille passer le week-end en bord de Marne à taper la belote entre deux barbecues? Avez-vous cru une seconde à cette histoire de retraite dans un monastère que d'aucuns, mal informés ou sous-estimant les ressources des paparazzi, ont laissé "fuiter"?
Les français ont choisi Nicolas Sarkozy, il va falloir qu'ils se fassent une raison. Et quand je dis "les français", je pense aussi et surtout à ces éditorialistes de la presse quotidienne nationale ou régionale, qui depuis des mois nous bassinent avec le "charisme" de Sarkozy, sa capacité à parler le langage du peuple et à en exprimer les aspirations profondes. C'est vrai qu'il a du talent. Mais une fois le rideau tombé, le comédien ôte le masque et redevient un quidam. Il se trouve que ce quidam-là a des besoins de luxe, et les réseaux pour les assouvir.
J'eusse aimé que nos brillants observateurs, durant toute cette campagne, passent un peu moins de temps sur la performance de l'acteur, et davantage sur l'individu. Il est vrai que ne pas "jouer le jeu" avec Sarko, dans certains médias, c'est jouer sa carrière. Alors comme Marcel Ophüls en d'autres temps, , on hésite entre "le chagrin et la pitié", face à ces commentateurs politiques. Quoiqu'il en soit, en attendant, qu'ils nous lâchent un peu avec leurs pudeurs.
Pendant ce temps, Bayrou convoque la presse pour annoncer la naissance de son "Mouvement Démocrate", annulant et remplaçant l'UDF (Giscard s'en retournerait dans sa tombe s'il était mort, mais je vous rassure, il est toujours vivant). Comme prévu, la quasi-totalité des députés UDF - et supposés Bayrouistes - a prêté allégeance à Sarkozy, faut pas déconner avec les législatives. Credo du "Mouvement Démocrate", si j'ai bien compris? Ni Droite, ni Gauche: on critique ou on soutient au coup par coup. En tout cas on ne rompt pas formellement avec la Droite, éventuellement on adresse un signe bienveillant à la Gauche, et surtout on croise les doigts en espérant que suffisamment d'électeurs vont s'y retrouver. Personnellement, j'ai un peu de mal, mais qui sait? Bayrou parie sur une "droitisation" excessive du pouvoir UMP, qui lui créerait un espace, comme on dit. Et sur une implosion du PS, qui verrait se séparer les socio-démocrates des partisans de l'alliance avec le reste de la Gauche, ou ce qu'il en reste. Du coup émergeraient des opportunités de coalition - on trouve des Rocard, des Kouchner, et même un Cohn-Bendit pour espérer ce scénario. Sur le papier, pourquoi pas, après tout, ne serait-ce que sur les réformes institutionnelles ou le fédéralisme européen, des "convergences" existent... Mais ces espoirs d'"alliances de raison" fleurent un peu la IVème République, la combinazione façon Italie des années 70: peut-être faudrait-il qu'on m'explique, mais je pense que notre système politique actuel - présidentialisme, scrutin majoritaire - ne permet pas ce genre de configuration.
En attendant, donc, Bayrou vit un grand moment de solitude, et j'aurais tendance à dire que c'est bien fait pour sa gueule. Avant le 1er tour, il a convaincu quelques 7 millions d'électeurs qu'il était "ailleurs", "hors-système". Son élimination de la finale, en toute logique, aurait dû l'amener à exprimer, entre les deux tours, un choix libre. A défaut d'un soutien, il aurait pu dire son souhait d'un "moindre mal". Au lieu de ça, il explique qu'il ne votera pas Sarkozy tout en n'appelant pas à voter Royal. Pourquoi? Parce qu'il avait peur de perdre des députés? Caramba, c'est raté. Parce qu'il avait peur de trahir son électorat venant de la Droite? Pourquoi davantage le ménager que celui venant de la Gauche, si on se veut vraiment ailleurs?
Après avoir servi d'auxiliaire plus ou moins docile aux gaullistes, Bayrou a cassé quelques assiettes mais n'a pas osé rendre son tablier: au final, il n'est nulle part et ne sert à rien.
Quid de Ségolène Royal, dans le "bruit médiatique" de l'après-6 mai?
Amis, je suis rassuré. Je croyais qu'une grande partie de nos journalistes étaient asservis aux pouvoirs de toute sorte. Et bien non, il existe encore des esprits rebelles, prêts à prendre tous les risques. Prenez Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, du "Monde": bravant tous les dangers, elles sortent prochainement un livre percutant. Leur thèse: Ségolène Royal s'est lancée dans la course présidentielle suite à un litige conjugal avec François Hollande. Moi je dis, c'est important que ce livre sorte, il faut se battre pour la liberté d'expression en France, la clarté du débat démocratique n'a pas de prix.
Sérieusement: les uns et les autres, que cette thèse soit juste ou fausse, vous en avez quelque chose à foutre? Moi, non, pas davantage que des cabrioles de Cécilia. Mais tout ça pue le lynchage, on s'acharne sur une personnalité publique une fois qu'on est sûr que les coups qu'elle rendra seront sans douleur (en l'occurrence, une plainte en "injure publique" a été déposée par Royal-Hollande, pas de quoi ruiner une carrière de journaliste).
Par ailleurs ça vous a un petit côté sexiste, sur le thème: "une femme candidate à la présidentielle, ça ne peut être qu'une histoire de cul". S'est-on jamais demandé si Chirac ou Mitterrand s'étaient acharné à conquérir le pouvoir suprême dans le seul but d'épater leurs épouses ou conquêtes? Non, bien sûr.
Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin se prennent peut-être pour des Prix Pulitzer, mais elles sont au journalisme politique ce que Mc Donald's est à la gastronomie. Si, dans moins d'un an, elles nous sortent un bouquin documenté sur Sarkozy, non sur ses coucheries ou ses états d'âme, mais sur ses relations avec Lagardère et consorts, je réviserai mon jugement. Dans le cas contraire, leurs Cartes de Presse, elles peuvent se les carrer où je pense.
Là-dessus, à bientôt

lundi 7 mai 2007

Lui-même, lui, personnellement, Président

Et bien voilà: ce "petit bonheur espéré" évoqué tout au début de l'histoire de ce blog (27 janvier 2007) m'a été refusé. Après douze ans de Chirac, j'en prends au moins pour cinq ans de son clone. Encore moi, je m'en fous, j'habite en Suisse, mais les autres...
Quoi? Alors que la France vit un tournant politique, tu nous pompes avec tes petits états d'âme?
Oh, lâchez-moi, amis lecteurs: après tout, plus de vingt millions de citoyens informés viennent de mettre à leur tête un type qui, à propos de tout et de rien, parle de sa petite personne - "Moi je vais vous dire, la France m'a beaucoup donné, alors moi je vais lui rendre..." (Non non, penses tu, fallait pas, garde tout...) - alors je m'adapte, désormais je vais parler de mézigue en permanence, dire "Je-dis-ce-que-je-vais-faire-et-si-c'est-pas-fait-je-dirai-que-je-l'ai-pas-dit-puis-je-dirai-que-je-vais-faire-autre-chose", je vais me trouver quelques sponsors sympathiques comme Jacques Chirac, Charles Pasqua ou Edouard Balladur, et vous allez voir ce que vous allez voir.
Mais non, je plaisante.
Tout de même, quelle soirée que celle du 6 mai 2007. Je ne sais pas ce qui m'a le plus affligé: la mèche conquérante de Francois Fillon, les "Jeunes Populaires" en goguette Place de la Concorde ou les tronches en biais de Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Ah, ces deux-là, fallait les entendre, sur le plateau de France 2 (ou TF1, je ne sais plus, peu importe). Voilà dix ans ou plus qu'ils font partie du problème, alors les voir s'agiter pour nous convaincre qu'ils sont la solution, il y a de quoi se la déguiser en balancier d'horloge (ce n'est pas vulgaire, c'est littéraire: une citation de Frédéric Dard, grand auteur français de la fin du XXème siècle). Non mais, franchement! A ce niveau-là, ce n'est plus du culot, c'est une résurgence du psychédélisme.
Rappelons les faits: à 20h01, Ségolène Royal, souriante au delà du raisonnable, balance un discours où elle explique qu'en gros elle est là et y reste, pour "rénover la Gauche", tout ça tout ça, le tout sous des applaudissements nourris: tête de DSK, qui enchaîne sur le thème "la rénovation social-démocrate c'est moi, cette foutue bonne femme s'est pris un rateau, je vous l'avais bien dit", suivi d'un Fabius qui, la bouche en issue d'oeuf (toujours Frédéric Dard), nous balance un lyrique: "le drapeau de la Gauche est à terre, il faut le relever". Alors déjà, imaginer Laurent Fabius en cavalier bolchévique ramassant héroïquement un drapeau rouge sous la mitraille des soldats de Dénikine, j'ai du mal, mais en plus j'ai envie de lui dire: "Eh, pauvre pomme, t'avais qu'à te bouger les fesses pour qu'il ne tombe pas, comme ça t'aurais pas à le ramasser".
Soyons sérieux, DSK et Fabius, on sait ce qu'ils pèsent: respectivement 21 et 19% des militants socialistes. Pas de quoi prétendre être une alternative sérieuse à quelqu'un qui rassemble sur son nom pas loin de 47% des électeurs. Mais bon, le Parti Socialiste est ainsi fait, très Nietzschéen, finalement: l'Eternel Retour. Guerre des chefs, croche-pied, ne changeons pas les méthodes qui perdent... L'actualité me donnera sûrement l'occasion de reparler de ces enjeux de casting.
Revenons, donc, au triomphe Sarkozien d'hier soir. Le sentiment d'arriver aux dernières pages d'un bouquin passionnant, et de découvrir qu'à la fin, ce n'est pas le bon qui gagne. Cinq ans qu'il est en campagne, le nouveau Président. Il y pensait "tous les matins en se rasant", à ce 6 mai 2007. A quoi va t'il bien pouvoir penser, le matin, désormais? C'est simple: à 2012. La prochaine campagne présidentielle vient juste de démarrer.
Quoiqu'il en soit, ça commence fort, la "rupture".
Le discours de la salle Gaveau, au siège de campagne de l'UMP: un grand moment d'émotion. Moi, j'ai été particulièrement touché par la noble pensée de notre nouveau Président pour les "infirmières libyennes".
C'est qui, celles-là? Encore des Immigrées qui viennent nous pourrir l'Identité Nationale? Vous n'y êtes pas: Nicolas Sarkozy faisait allusion aux cinq infirmières bulgares emprisonnées depuis 1999 par le régime de Kadhafi, accusées d'avoir inoculé le virus du SIDA à 923 enfant libyens. Mais Nicolas Sarkozy a le sens du raccourci (il en est un lui-même, ah ah): d'"infirmières bulgares en Libye", on passe à "infirmières libyennes", on va pas s'emmerder avec des détails. D'ailleurs, aucun journaliste n'a relevé la boulette, de toute façon ils ont intérêt à se tenir à carreau, ceux-là, surtout à l'audiovisuel, s'ils tiennent vraiment à la Valeur Travail, enfin au leur. Pas un, non plus, du coup, pour noter que s'il est louable de se soucier du sort de ces victimes de Kadhafi, il y a ces jours-ci vaguement plus urgent dans la série "humanitaire" quand on s'apprête à devenir Président de la République: l'otage français en Afghanistan, que les Talibans menacent de séparer en deux parties inégales.
Évidemment, le siège de campagne de l'UMP n'est pas forcément le lieu le plus adéquat pour traiter ce genre de question. Dans ce cas-là, une solution raisonnable c'est de fermer sa gueule, mais bon, Sarkozy, fermer sa gueule il a du mal. Va pour les "infirmières libyennes", donc, de toute façon tout le monde s'en fout, sinon ça se saurait, après tout ce temps.
Un peu plus tard, la fête organisée Place de la Concorde bat son plein, comme on dit. Et là, le téléspectateur-électeur réalise le véritable sens du mot "rupture". Il ne s'agit pas simplement d'un phénomène politique, il s'agit tout d'abord d'un phénomène culturel. Après toutes ces années de stagnation en France, il était grand temps de laisser s'épanouir le souffle d'un véritable renouveau, il fallait vraiment faire entendre la musicalité du futur à nos oreilles engourdies: Mireille Matthieu, Enrico Macias, Gilbert Montagné. Rien que pour ça, moi je dis que ça valait la peine.
Blague à part: le triomphe d'un égotiste qui "enthousiasme" Laurence Parisot, du MEDEF, élu sur la base de thématiques plus réactionnaires les unes que les autres, franchement j'ai vu plus gai, comme dimanche soir.
Mais il y a deux choses qui me consolent:
  • la première, c'est que mes amis et relations de droite, dans les cinq ans qui viennent, vont se retrouver à devoir assumer tout ce qui nous attend (ou alors c'est qu'ils n'avaient pas bien tout lu la notice)
  • la seconde, et elle est un peu liée à la première, c'est qu'on n'a pas fini de rigoler
Alors à bientôt

jeudi 3 mai 2007

Ségolène et le Bref de Comptoir

Comme paraît-il plus de vingt millions de téléspectateurs, j'ai regardé hier soir le débat Royal-Sarkozy, et cet exercice m'a laissé un goût amer dans la bouche.
"Match nul", disent la plupart des commentateurs politiques aujourd'hui. La raison en serait que chacun des des deux débatteurs aurait atteint son objectif: pour Sarkozy, n'avoir pas pas remis en cause son avance dans les sondages en gardant son calme et, pour Royal, avoir démontré qu'elle avait l'étoffe pour affronter Sarkozy en se montrant "pugnace". Vous pouvez vérifier dans vos journaux favoris, en gros ça tourne autour de ce bilan.
J'avoue que j'ai du mal à souscrire à cette analyse.
A mon grand regret, je dois dire qu'à mon avis dans l'ensemble, c'est plutôt Sarkozy qui l'a emporté. Et ce, parce que ce type a un talent incontestable: il "colle" au format télévisuel, bien mieux que Ségolène Royal. Nicolas Sarkozy, face à une caméra, c'est un pro: phrases courtes, regards et sourires en coin, signes d'émotion visibles (main, mimiques de la bouche). Et puis la maîtrise du temps de parole, rien de trop, la flexibilité dans l'utilisation des arguments. Face à cet histrion vibrionnant, hallucinant de simplicité: une Ségolène Royal développant de longues phrases, déroulant - sans omettre les "virgules" pré-formatées comme "ordre juste" ou "donnant-donnant" - rien moins qu'un discours... de meeting. Le problème c'est qu'à la télé, une phrase longue, une idée qu'on développe en prenant son temps, ça n'entre pas dans la case. Le problème c'est qu'à la télé, en de telles circonstances, la complexité n'est pas de mise. Le problème c'est qu'à la télé, ce jour-là, en face il y a quelqu'un qui résume sa pensée en formules tellement lapidaires que même un animateur de Fun Radio est capable de les comprendre.
On m'objectera que je fais preuve ici d'un grand pessimisme et qu'au delà de la forme, mes concitoyens sont capables de discerner le fond. M'ouais, n'empêche.
D'autant que, par-dessus le marché, la forme rejoint ici le fond. Pourquoi Sarkozy fait-il plus simple? Et bien c'est con comme la lune: c'est parce que ses idées sont davantages simplistes.

Exemple: paradoxalement pour quelqu'un qui est sensé diagnostiquer, en tant qu'homme de Droite, plutôt un problème "d'offre" (trop de charges sur les entreprises) qu'un problème de "demande" pour expliquer la faiblesse de la croissance, Nicolas Sarkozy admet que le pouvoir d'achat est un enjeu et que cet enjeu est central (notons qu'il est aussi très porteur, électoralement). Comment entend-il le résoudre? En "facilitant" les heures supplémentaires: suppression des charges pour les entreprises, dé-fiscalisation du revenu additionnel (+25%, promet-il) pour les salariés. Il suffisait d'y penser: si plein de gens travaillent plus, ils auront plus d'argent, donc dépenseront plus, donc ça fera de la croissance, donc de l'emploi (personnellement, j'ai tendance à douter de ce dernier lien de cause à effet qui pourtant fait consensus, mais c'est une autre histoire). Parce que, bien sûr, vous pensez bien, les carnets de commande des entreprises françaises sont remplis jusqu'à la gueule, dans tous les secteurs, tout le monde sait ça. Le truc, c'est qu'à cause des 35 heures et des charges, les entreprises n'osent pas proposer des heures supplémentaires aux ouvriers français, alors elles sous-traitent en Slovaquie ou en Chine, obligé. Rien que des heures supplémentaires, bien sûr, pas de vrais emplois à temps plein.

Grâce à Sarkozy, on va bien vite rapatrier toutes ces heures de travail qu'on a délocalisées à Shanghai ou à Bratislava. C'est mieux pour tout le monde, les ouvriers de là-bas, ils s'emmerdent à mourir avec nos heures sup': lundi, deux heures de boulot, mardi, une demi-heure, mercredi deux heures et quart et zou, la semaine est déjà finie, quelle tristesse.

Autre exemple, l'Europe: sur le Traité Constitutionnel, comme le rappelle Nicolas Sarkozy, " les Français ont voté non à la Constitution, nous n'y reviendrons pas, quelle que soit la qualité remarquable de Valéry Giscard d'Estaing, cette constitution n'entrera pas en vigueur, puisque les Français ont dit non (...) On ne va pas recommencer un référendum. Pour leur dire quoi ? C'est clair, ils ont dit non. On doit débloquer la situation en Europe en modifiant les institutions européennes sur la base d'un consensus". Pour ceux qui n'ont pas bien compris: Giscard est bien gentil mais un peu concon, Sarkozy va nous bidouiller un texte minimal et consensuel (je propose, personnellement: "L'Europe est un continent situé entre l'Asie et l'Océan Atlantique, où il est admis que la loi du marché, la restriction de la dépense publique et la flexibilité des salariés font le bonheur de tous") qu'on fera adopter par les députés UMP vite fait-bien fait, et hop. Les français ont dit non, donc le plus simple est de ne plus leur poser la question.
Troisième exemple: le logement. "Le but d'un jeune qui commence dans la vie, a dit Nicolas Sarkozy, ce n'est pas d'avoir une HLM, mais d'être propriétaire de son logement. Il faut avoir de l'ambition, madame Royal, c'est de faire de la France une France de propriétaires". Ben oui, quoi, c'est vrai, ils sont minables ces jeunes qui se plaignent qu'on exige d'eux un salaire couvrant quatre fois le loyer et la caution de leurs parents pour un taudis de 35 m2. Bandes d'assistés, va! Petits bras! Une HLM, ouh, la honte, eh. C'est sale et puis c'est plein de pauvres...
Halte à la résignation: prends-toi par la main, frère jeune, va voir ton banquier, explique-lui que tu n'as pas les moyens de payer un loyer, donc que tu souhaites emprunter pour acheter. Et s'il ne bat pas des mains d'enthousiasme, dis-lui que taratata, le Président de la République veut une France de propriétaires, alors qu'il se démerde pour te prêter de l'argent. Si ça ne marche pas, c'est de ta faute, c'est que tu n'as pas d'ambition.
Alors c'est sûr, face à ces idées frappées au coin du bon sens, des positions qui consistent par exemple à dire qu'on va réunir syndicats et patronat pour discuter revalorisation des salaires et des retraites sans savoir vraiment sur quoi ça va déboucher ni combien de temps ça va prendre, qu'on va renégocier un traité européen qu'on soumettra de nouveau à référendum sans être certain d'obtenir un "oui", que par ailleurs va créer un "service public (ouh, le gros mot) de la caution" et faire enfin appliquer la loi sur les 20% de logements sociaux, pfou là là, c'est compliqué et bien incertain, tout ça.
Sarkozy pense à tout, si une question se pose il faut qu'il lui apporte une réponse. L'important n'est pas qu'elle soit réaliste, réfléchie, ni susceptible d'entraîner l'adhésion des gens dont elle va influencer l'existence: l'important est que cette réponse soit donnée et exprimée en des termes compréhensibles par tous. De là viendra le sentiment qu'il est l'homme de la situation, donc le vote. Une fois l'élection acquise, on lance le bazar et si quelqu'un s'avise de critiquer ou de s'opposer, on lui répondra que "les français ont choisi", et basta.
Durant le débat télévisuel, face à cette machine à distiller des certitudes et le plan d'action qui va avec, Ségolène Royal propose, sur un nombre significatif de sujets, des discussions: avec les partenaires sociaux, les autres pays européens, les enseignants, les parents, les collectivités locales, sans oublier au moins deux référendums... Bref, elle "n'a pas d'idées", demander l'avis des autres c'est inenvisageable quand on est au pouvoir. Le Président sait tout, ou alors c'est qu'il n'a pas les épaules pour être Président.
Elle est "floue" quand elle ne sait pas de quels financements supplémentaires "elle" aura besoin pour financer les retraites. Sarkozy, lui, il sait: aucun financement supplémentaire, tout est déjà couvert. T'as qu'à croire.
Jean-Marie Gourio a recueilli des pages entières de propos entendus dans des bistrots: les "Brèves de Comptoir". Exemples: "C'est pas du racisme de dire qu'ils sont trop nombreux", "Ce qui ne va pas dans la société, c'est les gens", "Le mariage des pédés, ça va obliger le pâtissier à poser des pédés sur le gâteau", etc, il y en a des milliers comme ça.
Le monde, la société française, l'économie, l'Histoire, tout ça c'est compliqué. Pas la peine d'embrouiller la tête de l'électeur, il faut faire simple, court et surtout, peuple, façon conversation de bistrot. Nicolas Sarkozy, le Bref de Comptoir, s'y entend à merveille, c'est pour ça qu'il "passe" bien à la télé.
Espérons pour autant qu'il ne "passera" pas, tout court.
Salut à tous,