Cà fait un moment que je me dis qu'il faut que je ponde un "post" un peu sérieux, genre "ma- contribution-aux-débats-internes-du-PS". Bon c'est sûr, question audimat c'est pas le succès garanti mais ce blog ne recueille strictement aucune recette publicitaire, donc l'audimat on s'en fout, hein. Quoique.
Cependant il y en aurait, des choses à dire sur le PS, ces jours-ci: guéguerres même pas dignes d'être qualifiées de picrocholines, Jeanne d'Arc et son plan-média, DSK en charge de "l'ajustement structurel" et des "réformes nécessaires", Fabius en apesanteur, Delanoë en embuscade derrière le BHV, Jack Lang en Sarko-ministrable et l'inusable, l'inoxydable François Hollande officiellement en charge des bons mots aux heures de grande écoute, rôle dont il s'acquitte avec un talent sans égal. (Parenthèse: Fabius a disparu de mon "champ des possibles" depuis ses cabrioles lors du référendum de 2005, n'empêche que je trouve qu'il avait plutôt bien cerné le Premier Secrétaire lorsqu'il l'avait baptisé "Monsieur Petites Blagues"). Crise de leadership et absence totale d'une "vision" explicite, y a du boulot, décidément, rue de Solférino. Les travaux sont en cours, à ce qu'il paraît. Mais ne comptez pas sur les grands médias pour vous en parler, ils ont déjà décidé pour vous qu'à part les bisbilles entre dirigeants, rien n'était vraiment intéressant au PS.
Si j'avais eu le coeur d'attaquer une chronique "de fond" sur la rénovation du PS, donc, j'aurais commencé avec un truc du genre: virons Mélenchon à grands coups de pompes dans le train, qu'il aille donc voir chez Besancenot si sa "vraie Gauche" y est, même le PCF lui tendrait les bras... Un sénateur de moins, qu'est-ce qu'on en a à foutre, je vous le demande? Un jour, c'est promis, notamment si des lecteurs me le demandent gentiment, je tâcherai de faire mon intéressant sur la façon dont le PS pourrait redevenir une option crédible. Mais ce soir, non, pas possible.
Car depuis quelques jours me trotte dans la tête une idée a priori saugrenue mais dont il me semble judicieux de vous faire part: le PS pédale dans la semoule, certes, mais que dire de l'UMP? En d'autres termes: laquelle de ces deux formations est aujourd'hui la plus dans la merde?
Si l'on accepte le postulat que dans le champ politique français le "leadership" est la clé, compte tenu de la présidentialisation de la Vème République, peut-on vraiment dire que l'UMP est mieux lotie que le PS? Je vous l'accorde, l'UMP est dotée d'un chef on ne peut plus clair. Mais justement: à l'UMP, à part qui-vous-savez, vous voyez qui, comme force motrice ? Hein? Allons, cherchez un peu... Allez, un petit effort... Non, vraiment, personne? Et bien moi non plus. Rien. Le désert.
Le "Parti du Président", aujourd'hui, est divisé en six courants: les Sarkozystes pur-sucre (Fillon, Copé, Lellouch, Balladur), les Chiraquiens recyclés (MAM, Raffarin, Gaudin), les Chiraquiens indécrottables (Villepin, Debré), les souverainistes (Dupont-Aignan, ...?), les traîtres de Droite (Hervé Morin et son Nouveau Centre, ni nouveau, ni du centre) et les traîtres de Gauche (Bockel, Kouchner, Besson, Allègre, et bientôt Lang, inch'Allah). Ce "Parti" déborde d'ores et déjà les frontières de l'UMP. Certes, en son sein s'agitent les vipères Chiraquiennes et la contestation "Gaulliste-canal-historique", mais d'une façon générale ce petit monde ne produit en soi rigoureusement rien en termes d'idées, sinon de façon marginale. En tout cas pas davantage que le PS, loin s'en faut. Dès lors quand ce "Parti" somme la Gauche de se "rénover", me vient à l'esprit la fameuse histoire de la paille, de la poutre, et de l'oeil du voisin.
Car où donc en est la Droite française, aujourd'hui, sur le plan économique et social? Cherchez pas: quelque part au début des années 80, à la grande époque du Reagano-Thatchérisme: Etat, Syndicats, Services Publics, Droit du Travail = Pas Beau / Marché, Entreprises, Profit, Contrat = Beau.
A ceci près que, nonobstant une mondialisation de l'économie largement encadrée - même si ce n'est pas une fatalité - par les axiomes ci-dessus, la Droite française garde intacte depuis vingt-cinq ans une farouche tradition Colbertiste mêlée, en toute logique, d'une connivence de bon aloi avec une fraction du patronat français s'accrochant bec et ongles à la "préférence nationale" en matière de dépenses publiques (Dassault, Lagardère, Vivendi, Bouygues, Suez, Decaux...).
Or si l'on admet que le Sarkozysme constitue aujourd'hui la quintessence - et la best practice - de la Droite en France, qu'est-ce donc sinon un compromis vaguement renouvelé entre dérégulation du Travail, de l'Economie, et préservation des intérêts de quelques oligopoles? Bonjour la "rupture". D'autant que la Droite, ce pourrait être autre chose: qu'on songe à De Gaulle et à ses idées de participation des salariés aux bénéfices de l'entreprise, dûment torpillées à l'époque (1967) par l'ancêtre du MEDEF et ses obligés à l'Assemblée et au Sénat; qu'on songe, plus près de nous, à Bayrou fustigeant (même s'il n'a rien à perdre) les "Puissances de l'Argent". Quoiqu'on en dise à Gauche, la Droite, ce n'est pas forcément "les gros" et le fric. Il fut un temps où la Droite française, et pas seulement à travers ses postures sécuritaires, conservatrices et "identitaires", ce fut aussi "le peuple". Ce temps idéologique est révolu depuis le Reagano-Thatchérisme, Sarkozy n'est que la première incarnation réussie de cette (r)évolution, après le long et calamiteux épisode Chirac. La "modernité" Sarkozyenne ne se situe, in fine, que dans la maîtrise, dans tous les sens du terme, des médias et de leur tempo.
Crise de "leadership" et "d'idées" à Gauche, dit-on. Certes. N'empêche que si j'étais à l'UMP ou assimilé (Bockelien, Kouchneriste ou néo-centriste), je me ferais vachement de souci.
Un "leadership" qui marche, en démocratie en tout cas, c'est autre chose que le petit doigt sur la couture du pantalon et le "Silence des Agneaux" imposé par le loup. Parce que viendra un temps où le "génial leader", à force de s'occuper de tout à la place de tout le monde, finira par se prendre les pieds dans le tapis des mécontentements, malgré ses subtiles diversions. L'accueil cinq étoiles réservé à cette ordure de Kadhafi (combien de dirigeants démocratiques étrangers reçus aussi longtemps et avec autant d'égards?) commence à faire sérieusement grincer des dents? Zou, on nous sort la romance à Disneyland Paris: l'étoile de Sarko pâlit? Hop, Carla Bruni. (Oui je sais c'est un peu facile, mais j'ai pas pu m'en empêcher). C'est tellement gros que même Pujadas, sur France 2, s'en est aperçu. Sarkozy prend la majorité des citoyens pour des cons, ce n'est pas forcément un mauvais calcul a priori, à condition de ne pas le faire trop ouvertement et surtout d'assurer un minimum de service après-vente.
Des "idées", Sarkozy en a sur à peu près sur tout et n'importe quoi, et dans tous les sens, ses partisans - et les journalistes "amis" - sont priés de suivre et d'admirer très vite. On n'est pas loin d' un "Petit Livre Bleu" du Libéralisme-Colbertisme-Pensée-du-Président-Sarko, que les foules en délire brandiraient lors des meetings de l'UMP. Qui par ailleurs entend-on pour théoriser, mettre en perspective et en musique l'action présidentielle? Le groupe UMP à l'Assemblée? Le triumvirat à la tête du Parti? Le Premier Ministre? Des "think tanks" de Droite? Que nenni: un technocrate élu par personne, le "nègre" du Président, qui est à Sarkozy ce que Karl Rove fût à George W. Bush - son cerveau: Henri Guaino.
Le Sarkozysme, c'est un "leadership" qui écrase tout sur son passage, à coups de "Point de Vue - Images du Monde" s'il le faut, et des "idées" qui sont un salmigondis des desiderata du MEDEF et des trouvailles d'un gourou, un nobody tellement bavard qu'il réussit à parler en lieu et place de Kouchner, c'est dire. Pas sûr qu'on ait ici les éléments d'un développement durable, avec ou sans Borloo. En tout cas l'urgence d'une "rénovation" n'est pas nécessairement et exclusivement là où on le croit.
Alors le PS est peut-être en crise, mais l'UMP et ses filiales m'ont tout l'air d'être sous perfusion. Gare aux dosages, les mecs, et tâchez d'éviter les pannes de courant.
Là-desssus, je vous souhaite à toutes et à tous d'excellentes fêtes de fin d'année.
God Jul!
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