Il m'arrive parfois de lire le magazine américain "Time", espérant y entendre un son de cloche différent de celui émis par la presse française, espérant également y lire des articles un tant soit peu dépaysants. Pour ne rien vous cacher, ça ne marche pas à tous les coups. Pourtant la dernière fois ça s'annonçait plutôt bien, a priori: à l'occasion de la désignation par le magazine de Barack Obama comme "personnalité de l'année" 2008, numéro spécial et interview du President-elect. Bon.
Ce dont je ne me souvenais pas, c'est que lorsque "Time" choisit son homme ou sa femme de l'année, la rédaction hésite en général entre plusieurs personnalités: de fait le magazine dresse , dans son numéro de décembre-janvier, un portrait des autres nominés, par ordre décroissant d'éligibilité. Or qui peut-on découvrir en troisième position, entre Henry Paulson et Sarah Palin? Le Dalaï-lama? Dany Boon? Martine Aubry? Benoît XVI? Bernard Madoff? Kim Jong-Il? Non non. C'est une autre espèce de bipède que le monde entier est désormais sommé de nous envier, car c'est bien d'un français qu'il s'agit. Un être dont les tribulations quotidiennes constituent depuis dix-huit mois LA pulsation de la vie politique hexagonale, continentale et même mondiale - en attendant que les progrès de la conquête spatiale permettent d'y associer les extra-terrestres, j'ai nommé, vous l'aurez deviné, Nicolas Sarkozy, le seul, l'unique.
Cela étant dit, on note que l'hyper-président n'est arrivé que troisième dans la grande course de la notabilité médiatique globale. Somme toute, une performance limite humiliante, même pas digne d'un Raymond Poulidor.
Tout de même, j'en ai été pour mes frais question dépaysement. Toutes proportions gardées, je me suis senti un peu comme "numéro six", le héros de la série "Le Prisonnier": lorsqu'il croit qu'il a enfin réussi à s'évader de cette foutue colonie, une grosse boule blanche le rattrape et le cauchemar recommence.
Un malheur n'arrivant jamais seul, "Time" n'a pas trouvé mieux, pour rédiger l'article hagiographique consacré à la lumière vivante de l'Elysée, que Tony Blair. Si si, Tony Blair. Lequel en fait des tonnes dans la manipulation de la brosse à reluire, dans un article organisé en quatre points:
"Time magazine"est loin d'être le journal le plus fufute de la presse américaine, enfin tout de même il y a plus idiot, dans le genre. Mais là, il faut reconnaître qu'ils ont fait très fort. D'abord , bien sûr, en plaçant l'histrion de l'Elysée dans leur palmarès. Ensuite en allant chercher Tony Blair, qui a su prouver au monde entier à quel point il avait de la jugeote et de l'honnêteté: c'est tout de même un type qui, à coups de mensonges gros comme lui, a réussi à entraîner une vieille et sage nation européenne dans l'aventure militaire la plus stupide qu'on ait connue depuis la campagne du Mexique de Napoléon III. Enfin, en laissant ce bonimenteur publier un tissu de conneries tellement énormes qu'elles feraient passer un communiqué de l'Elysée pour un modèle d'objectivité. Il n'y a, dans cet article, pas l'ombre d'un début de commencement de lucidité. Aucune analyse, mais une accumulation d'affirmations où la description des postures Sarkozyennes tient lieu de récit de la réalité: Tony Blair produit un boulot comparable à celui de ces journalistes qui se contentent de recopier les communiqués de presse.
Nul n'est prophète en son pays, dit-on. On sait désormais que l'alignement de Sarkozy sur la diplomatie américaine lui aura au moins rapporté l'admiration sans borne d'un homme que ses concitoyens surnommèrent le caniche de George W. Bush. Le chenil se remplit. Qu'un média de diffusion aussi large que "Time" se soit prêté à cette mascarade n'est cependant pas pour rassurer.
Remarquez, on peut également lire ce palmarès d'une autre façon: Nicolas Sarkozy serait à mi-chemin entre Henry Paulson et Sarah Palin, autrement dit entre la tentative pathétique de sauvegarder l'idéologie du marché et la caricature de la démagogie - moins con que la colistière de John Mac Cain et un peu moins calamiteux que le Secrétaire au Trésor.
Je doute que soit la façon dont les rédacteurs de "Time" souhaitent qu'on interprète ce classement, mais on se console comme on peut.
Allez, bonne année à tous
Ce dont je ne me souvenais pas, c'est que lorsque "Time" choisit son homme ou sa femme de l'année, la rédaction hésite en général entre plusieurs personnalités: de fait le magazine dresse , dans son numéro de décembre-janvier, un portrait des autres nominés, par ordre décroissant d'éligibilité. Or qui peut-on découvrir en troisième position, entre Henry Paulson et Sarah Palin? Le Dalaï-lama? Dany Boon? Martine Aubry? Benoît XVI? Bernard Madoff? Kim Jong-Il? Non non. C'est une autre espèce de bipède que le monde entier est désormais sommé de nous envier, car c'est bien d'un français qu'il s'agit. Un être dont les tribulations quotidiennes constituent depuis dix-huit mois LA pulsation de la vie politique hexagonale, continentale et même mondiale - en attendant que les progrès de la conquête spatiale permettent d'y associer les extra-terrestres, j'ai nommé, vous l'aurez deviné, Nicolas Sarkozy, le seul, l'unique.
Cela étant dit, on note que l'hyper-président n'est arrivé que troisième dans la grande course de la notabilité médiatique globale. Somme toute, une performance limite humiliante, même pas digne d'un Raymond Poulidor.
Tout de même, j'en ai été pour mes frais question dépaysement. Toutes proportions gardées, je me suis senti un peu comme "numéro six", le héros de la série "Le Prisonnier": lorsqu'il croit qu'il a enfin réussi à s'évader de cette foutue colonie, une grosse boule blanche le rattrape et le cauchemar recommence.
Un malheur n'arrivant jamais seul, "Time" n'a pas trouvé mieux, pour rédiger l'article hagiographique consacré à la lumière vivante de l'Elysée, que Tony Blair. Si si, Tony Blair. Lequel en fait des tonnes dans la manipulation de la brosse à reluire, dans un article organisé en quatre points:
- Nicolas Sarkozy est un vrai décideur: il voit un problème, hop il décide de le résoudre
- Il est capable de "sortir du cadre" (think outside the box) en allant par exemple chercher des socialistes pour constituer son gouvernement, Blair citant en exemple "l'immensément capable"... Bernard Kouchner
- Il a "remis la France sur la carte" - je traduis mot à mot - notamment à travers son rapprochement d'avec les Etats-Unis
- Enfin c'est un homme d'action, comme l'a démontré la présidence française de l'Union Européenne
"Time magazine"est loin d'être le journal le plus fufute de la presse américaine, enfin tout de même il y a plus idiot, dans le genre. Mais là, il faut reconnaître qu'ils ont fait très fort. D'abord , bien sûr, en plaçant l'histrion de l'Elysée dans leur palmarès. Ensuite en allant chercher Tony Blair, qui a su prouver au monde entier à quel point il avait de la jugeote et de l'honnêteté: c'est tout de même un type qui, à coups de mensonges gros comme lui, a réussi à entraîner une vieille et sage nation européenne dans l'aventure militaire la plus stupide qu'on ait connue depuis la campagne du Mexique de Napoléon III. Enfin, en laissant ce bonimenteur publier un tissu de conneries tellement énormes qu'elles feraient passer un communiqué de l'Elysée pour un modèle d'objectivité. Il n'y a, dans cet article, pas l'ombre d'un début de commencement de lucidité. Aucune analyse, mais une accumulation d'affirmations où la description des postures Sarkozyennes tient lieu de récit de la réalité: Tony Blair produit un boulot comparable à celui de ces journalistes qui se contentent de recopier les communiqués de presse.
Nul n'est prophète en son pays, dit-on. On sait désormais que l'alignement de Sarkozy sur la diplomatie américaine lui aura au moins rapporté l'admiration sans borne d'un homme que ses concitoyens surnommèrent le caniche de George W. Bush. Le chenil se remplit. Qu'un média de diffusion aussi large que "Time" se soit prêté à cette mascarade n'est cependant pas pour rassurer.
Remarquez, on peut également lire ce palmarès d'une autre façon: Nicolas Sarkozy serait à mi-chemin entre Henry Paulson et Sarah Palin, autrement dit entre la tentative pathétique de sauvegarder l'idéologie du marché et la caricature de la démagogie - moins con que la colistière de John Mac Cain et un peu moins calamiteux que le Secrétaire au Trésor.
Je doute que soit la façon dont les rédacteurs de "Time" souhaitent qu'on interprète ce classement, mais on se console comme on peut.
Allez, bonne année à tous
7 commentaires:
Il faut bien dire qu'un mag qui classe une cruche comme Sarah Palin au rang de 4ème personnalité de l'année ne peut pas être totalement crédible, à mon avis. Et c'est la preuve d'un Américano-centrisme éhonté.
Le recours à Tony-les-bons-tuyaux comme panégyriste en chef ne fait que confirmer leur manque de professionnalisme. Ou bien cela va-t-il augmenter les ventes? ah ben oui, tiens, dis-donc... La qualité de l'analyse journalistique n'a que peu à voir là-dedans. Comme tu le dis si bien, Blair s'étant fait l'allié des US, il est sans doute apprécié des Américains moyens, cible de Time...Et c'est sans doute aussi la raison pour laquelle 'Nic' a été choisi comme #3, puisqu'il a 'remis la France sur la carte' (du monde vu des US...).
Bonjour et bonne année à tous.
Il y a une petite chose, subtile, que vous avez oublié quant au classement annuel du Time. Ce n'est pas le QI qui est pris en compte mais le fait que la ou les personnalités ont marqué l'année par leur comportement ou leurs actions, qu'elles soient honorables ou pathétiques. C'est pour cela que Ben Laden l'a été en 2001 et Adolf en 1939. Normal d'y retrouver Sarah et Nico s'y bien placé pour 2008. La première place étaient acquise à Barack. Tout ce que j'espère que l'homme de l'année pour 2009 soit encore Obama, ce qui serait la preuve que son élection ait marqué le monde.
Une dernière bafouille sur la politique en France. Avant de taper sur le petit Nico, qui pète trop souvent les plombs je vous l'accorde, il faudrait que tous les hommes et les femmes de gauche rassemblent leur énergie pour trouver, non pas un programme et des idées, mais un ou une leader. Ils sont tellement ridicules que 2012 est promis à Nico. Essayez de convaincre les socialistes dont le QI ne dépasse pas 60 que Delanoé ou DSK feraient de très bons candidats et jetez à la poubelle Ségo et Martine qui ne vous apporteront rien.
Longue vie aux Suisses
Gilles
Salut Gilles,
Aussi inepte et risible soit la présence de Martine et Ségolène dans le paysage, il n'y a aucune raison de sans cesse expliquer voire justifier l'hyper-présidence de l'un par l'hypo-opposition des autres. Quant à DSK et Delanoë, qu'ils commencent par nous convaincre que leur "présidentiabilité" est autre chose qu'un complexe de supériorité... Qu'ils mouillent un peu la chemise et proposent davantage que leur statut de "recours" vaguement centriste, c'est-à-dire nulle part: n'est pas Jacques Delors qui veut, et quand bien même...
Quand à mon papier lui-même, tout bien réfléchi je trouve ça bien que "Time" soit allé chercher Blair pour tresser des lauriers à Sarko: on a les amis qu'on mérite.
Bonne année!
Vrai! que DSK et Delanoë commencent par nous convaincre qu'ils sont à gauche, et qu'ils savent ce qu'est une politique de gauche, déjà.
Bonjour,
Comme je ne viens pas tous les jours je suis un peu en retard. Juste pour dire : le PS est-il vraiment la gauche d'aujourd'hui ? le PS a t-il encore une raison d'être ? La mort du PS n'est elle pas prévisible pour 2012 lendemain d'un nouvel échec à la présidentielle ? En 1981 ce n'est pas le PS qui a gagné, c'est Chirac qui a flingué Giscard. En 1988 ce n'est pas le PS qui a gagné c'est Mitterand tout seul comme un grand qui s'est fait la peau de Chirac par pure gourmandise. Le PS ne gagnera plus jamais l'élection présidentielle car ce n'est plus un parti. C'est un regroupement de courants qui sont mal assortis. Après 2012 une vraie gauche va se rallier à Besancenot qui aura réussi à fédérer les vieux courants d'extrême gauche à l'agonie (PC, LO, etc.) et un vrai centre va enfin émerger avec je l'espère un vrai leader et pas ce guignol de Bayroux. Car entre la gauche de Besancenot et la droite de Sarkozy il y a de la place pour faire quelque chose. Mais le paysage politique actuel n'est pas propice car l'UMP verrouille trop de sièges législatifs.
Quant à savoir si DSK et Delanoé sont vraiment à gauche, bien sur que non, mais ils ont du charisme et c'est l'essentiel en politique. Pourquoi Blair a gagné alors qu'il partageait modérément les idées de son parti ? Parce qu'il a du charisme. Pourquoi Brown va se prendre une branlée aux prochaines élections ? Parce qu'il est d'un ennui mortel sans que cela remette en doute ses capacités d'homme politique. Royal est nulle et Aubry est pathétique. Jamais le PS ne pourra gagner quoi que ce soit avec ces deux personnes. Et pourtant je suis le premier à penser que l'avenir de l'homme passe par la femme. Mais il faut croire que les femmes pour arriver au top de la politique changent radicalement et ne sont plus les mêmes. Regardez MAM au gouvernement, c'est désespérant.
Bonne continuation
Gilles
Pas d'accord: il est evident qu'il y bien plus qu'un "espace" entre la gogoche Besancenotiste et Bayrou qui, a mon sens et nonobstant les querelles d'ego, n'est qu'une extension de gamme de l'UMP. Je ne changerais pas une ligne a ce que j'ai ecrit ici-meme sur ce monsieur il y a 2 ans ("Bayrou, le Centre adroit"). Et ce n'est pas parce que MAM est ce qu'elle est, ni Aubry ou Royal ce qu'elles ne sont pas, qu'on doit en tirer des generalites sur les femmes en politique. Je suis un homme, je suis brun, je ne suis pas sportif et je deteste le foot, n'empeche que y pas mal d'hommes bruns ici-bas qui seraient prets a tuer pour une baballe dans un bubut.
En retard comme d'habitude :) Attendre et voir... Comment le PS va digérer l'échec du congrès et qu'est-ce qui va en sortir ? Ca commence mal avec Martine qui se met un stylo dans l'oeil ! Beaucoup d'encre et de salive vont couler avant 2011 date où ils vont voter pour une tête. Laquelle ? De toute façon c'est perdu d'avance pour 2012. Malgré toutes ses bêtises, le petit Nicolas va garder son fauteuil. Après on verra bien ce qui va se passer.
Je file lire le dernier papier.
Salute
Gilles
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