Aujourd'hui s'est produit un événement politique d'une ampleur considérable. Il y aura un avant, et un après. La France s'ébroue, parcourue d'un frisson qui bouleverse son corps engourdi. Enfin la France, pas toute la France. Juste la France invisible. Si vous êtes visible, vous n'êtes pas concerné. Moi, par exemple, je crois bien que je le suis. Quoique: l'autre jour, un copain m'a dit: "Tiens, salut, ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu". Si ça se trouve, en fait, des fois je suis visible, et des fois pas... je serais donc concerné par cet événement de façon intermittente.
Venons-en au fait: José Bové se présente à l'élection présidentielle. Et il déclare: "Je suis le candidat de la France invisible". Pour ce qui me concerne, ca fait du monde: bien sûr je connais pas mal d'électeurs français (certains de vue, seulement, remarquez), mais quand je compare à tous ceux que je n'ai jamais vus! Là c'est sûr, c'est la victoire dès le premier tour, recta. Évidemment, tout le monde n'a pas mon point de vue...
Ah, il en aura fallu , du temps, avant que n'émerge enfin cette candidature que toute la Gauche de la Gauche attendait. Cette figure majeure qui va cristalliser les espoirs de l'innombrable foule anti-libérale, alter-mondialiste, noniste, écologiste, Le-Monde-Diplomatiste. Cohorte dont il faudra évidemment soustraire ceux dont l'espoir s'est déjà cristallisé sur Arlette Laguiller. Soustraire aussi ceux qui sont plutôt motivés par Olivier Besancenot. Sans oublier ni ceux dont les rêves sont portés par la candidature de Marie-George Buffet, ni les Verts inconditionnels de Dominique Voynet. Enfin déduire, bien sûr, les salopards, les traîtres, ceux qui voteront pour la Gauche bourgeoise, sociale-libérale, qu'on finira bien un jour par identifier et par pendre, mais bon, pour l'instant c'est pas possible. Restent donc tous les autres, difficiles à dénombrer à l'heure ou j'écris ces lignes. Auxquels s'ajouteront des sympathisants d'autres mouvances, que l'homme du Larzac ne manquera pas de rallier. Solde net = la France invisible.
Évidemment, il reste le détail des 500 signatures à obtenir. C'est ça le problème avec la Démocratie Bourgeoise: des règles tatillonnes, le droit, la loi des grands nombres... Par ailleurs, une légère contradiction à gérer: comment concilier le mépris de la démocratie représentative - qui va de pair avec la valorisation de l"initiative citoyenne" et de la "société civile"- avec l'idée de s'y soumettre par le biais d'une candidature? La remarque est encore plus vraie, notez, pour les authentiques léninistes que sont Arlette et Olivier. La réponse est simple: les élections, c'est comme un sondage, mais en vrai. Plutôt que d'évoquer des pourcentages, on parle des "centaines de milliers d'électeurs qui ont dit non". Et on compare avec les copains: "C'est moi qu'en ai le plus, tralala, c'est moi la-Gauche-de-la-Gauche, et bisque-bisque rage" -"M'en fous, moi j'en ai plus que toi chez les ouvriers, d'abord, c'est ca qui compte"- etc... Ça occupe les "collectifs" jusqu'à l'élection suivante entre deux manifs, c'est toujours ça de pris.
José Bové, cinquième candidat unique de la Gauche-de-la-Gauche, lui, a trouvé un truc imparable par rapport aux quatre autres, et c'est en cela que sa candidature constitue un événement: le coup de la France invisible. S'il fait un bon score, c'est-à-dire supérieur à celui de ses concurrents, il pourra dire: "Grâce à moi, on les voit". S'il fait un score moyen ou faible il dira: "Évidemment, on peut pas les voir, ils se cachent, ils ne votent pas. Sinon c'aurait été pour moi, vous pensez bien". Reconnaissez que c'est futé. Rien que pour ça, il mérite de se présenter. Amis élus, un bon geste, signez pour lui. Visiblement.
A bientôt.
Venons-en au fait: José Bové se présente à l'élection présidentielle. Et il déclare: "Je suis le candidat de la France invisible". Pour ce qui me concerne, ca fait du monde: bien sûr je connais pas mal d'électeurs français (certains de vue, seulement, remarquez), mais quand je compare à tous ceux que je n'ai jamais vus! Là c'est sûr, c'est la victoire dès le premier tour, recta. Évidemment, tout le monde n'a pas mon point de vue...
Ah, il en aura fallu , du temps, avant que n'émerge enfin cette candidature que toute la Gauche de la Gauche attendait. Cette figure majeure qui va cristalliser les espoirs de l'innombrable foule anti-libérale, alter-mondialiste, noniste, écologiste, Le-Monde-Diplomatiste. Cohorte dont il faudra évidemment soustraire ceux dont l'espoir s'est déjà cristallisé sur Arlette Laguiller. Soustraire aussi ceux qui sont plutôt motivés par Olivier Besancenot. Sans oublier ni ceux dont les rêves sont portés par la candidature de Marie-George Buffet, ni les Verts inconditionnels de Dominique Voynet. Enfin déduire, bien sûr, les salopards, les traîtres, ceux qui voteront pour la Gauche bourgeoise, sociale-libérale, qu'on finira bien un jour par identifier et par pendre, mais bon, pour l'instant c'est pas possible. Restent donc tous les autres, difficiles à dénombrer à l'heure ou j'écris ces lignes. Auxquels s'ajouteront des sympathisants d'autres mouvances, que l'homme du Larzac ne manquera pas de rallier. Solde net = la France invisible.
Évidemment, il reste le détail des 500 signatures à obtenir. C'est ça le problème avec la Démocratie Bourgeoise: des règles tatillonnes, le droit, la loi des grands nombres... Par ailleurs, une légère contradiction à gérer: comment concilier le mépris de la démocratie représentative - qui va de pair avec la valorisation de l"initiative citoyenne" et de la "société civile"- avec l'idée de s'y soumettre par le biais d'une candidature? La remarque est encore plus vraie, notez, pour les authentiques léninistes que sont Arlette et Olivier. La réponse est simple: les élections, c'est comme un sondage, mais en vrai. Plutôt que d'évoquer des pourcentages, on parle des "centaines de milliers d'électeurs qui ont dit non". Et on compare avec les copains: "C'est moi qu'en ai le plus, tralala, c'est moi la-Gauche-de-la-Gauche, et bisque-bisque rage" -"M'en fous, moi j'en ai plus que toi chez les ouvriers, d'abord, c'est ca qui compte"- etc... Ça occupe les "collectifs" jusqu'à l'élection suivante entre deux manifs, c'est toujours ça de pris.
José Bové, cinquième candidat unique de la Gauche-de-la-Gauche, lui, a trouvé un truc imparable par rapport aux quatre autres, et c'est en cela que sa candidature constitue un événement: le coup de la France invisible. S'il fait un bon score, c'est-à-dire supérieur à celui de ses concurrents, il pourra dire: "Grâce à moi, on les voit". S'il fait un score moyen ou faible il dira: "Évidemment, on peut pas les voir, ils se cachent, ils ne votent pas. Sinon c'aurait été pour moi, vous pensez bien". Reconnaissez que c'est futé. Rien que pour ça, il mérite de se présenter. Amis élus, un bon geste, signez pour lui. Visiblement.
A bientôt.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire