- d'une part, sur le plan interne, la foi de bon nombre de catholiques est de moins en moins étayée par l'adhésion aux dogmes: pour un croyant qui "assume" les mystères de la Trinité et de l'Eucharistie, qui croit en l'Immaculée Conception, au Paradis, au Purgatoire et à l'Enfer, combien qui se contentent de déclarer qu'ils sont convaincus "qu'il y a quelque chose au-dessus de nous" ce qui, sur le plan doctrinal, s'apparente à du Bouddhisme?
- d'autre part, sur le plan externe, s'affirme auprès de populations issues de l'immigration extra-européenne, une foi musulmane que travaillent, ici et là, des prédicateurs inspirés par les doctrines les plus rétrogrades
(Parenthèse: sur ce second point, on notera le soutien sans faille de l'Eglise catholique aux opposants à la loi sur le voile en France, ainsi que sa solidarité affichée avec les musulmans "offensés" par les caricatures publiées au Danemark)
Du point de vue de Ratzinger, cette radicalisation doctrinale relève d'une stratégie de survie du catholicisme face à deux dangers: celui de la dilution dans le syncrétisme d'une part, celui d'apparaître plus "faible" que l'islam d'autre part - ce dernier enjeu étant insignifiant en Europe mais lourd de conséquences en Afrique. De survie, mais également de combat.
Ce retour à une doctrine d'avant Vatican II s'accompagne en effet d'une offensive tous azimuts - lobbying et propagande évoqués plus haut - contre tout ce qui va à l'encontre de la vision catholique de la société en Europe: lutte réussie contre la légalisation de l'avortement en Pologne, matraquage anti-dico (le PACS italien) qui amène le gouvernement Prodi à retirer son projet de loi, et tout récemment (le 24 mars, à Rome, lors d'une réunion de clercs et de laïcs organisée par la Commission des conférences épiscopales en Europe), appel aux politiciens européens à "l'objection de conscience" face à certaines lois sur les moeurs, et dénonciation de l"apostasie de l'Europe".
Face à cette offensive, quelle résistance? On peut douter de la solidité du "front" laïc si on s'arrête à une anecdote toute récente: une religieuse répondant au doux nom de Soeur Marie Simon-Pierre (le dernier ferme la porte) a récemment fait part aux médias du fait qu'elle a réussi à guérir de la maladie de Parkinson d'un seul coup d'un seul: "Je suis guérie, c'est l'oeuvre de Dieu, par l'intercession de Jean Paul II. C'est quelque chose de très fort, de difficile à expliquer avec des mots" (Le Monde.fr, 30/03/07). Effectivement, c'est "difficile". Ce qui est également difficile à admettre, c'est que des journaux comme "le Monde" ou "Libération" reprennent ces déclarations, se contentant d'ajouter que si l'Eglise reconnaît ce fait comme étant un miracle, cela favorisera la béatification de Jean-Paul II. Pas le moindre petit début d'un contrepoint, comme par exemple l'interview d'un neurologue. Non non, la question c'est "ce miracle sera t'il reconnu par l'Eglise?", point. Pour ma part, je remarquerai que si l'intercession de Jean-Paul II n'autorise que la guérison des bonnes soeurs souffrant de Parkinson, maladie dont il était lui même atteint, les laïcs malades du SIDA feraient mieux de compter sur les tri-thérapies que sur la prière.
Toujours est-il qu'il est peut-être temps de montrer à Benoît XVI qu'il doit y avoir des limites à sa stratégie de reconquête. La radicalisation de son discours n'en rendra ce combat que plus facile. Les dizaines de milliers de jeunes polonaises aux grossesses non-désirées ont encore la ressource d'aller avorter en Allemagne, "Dieu merci", n'en déplaise à l'allemand Ratzinger. Mais ce n'est pas une solution.
Allez, salut.
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